lundi 26 juin 2023

Nouvelles du 2ème trimestre 2023

Bonjour,

Ce deuxième trimestre de l’année 2023 s’est bien déroulé à Crianças do Mundo. Il m’a aussi permis de rentrer en Belgique au mois de mai. Le but était bien entendu de revoir ma famille et mes amis. Mais aussi de travailler, grâce à diverses rencontres, à la recherche de fonds pour pouvoir poursuivre notre travail à Crianças do Mundo.

Ces rencontres ont été très intéressantes et sympathiques, ainsi que productives. Nos familles et amis belges sont très fidèles et généreux. Ils nous soutiennent depuis 40 ans maintenant, sans se fatiguer de nous, sans se décourager et nous gardant leur confiance 

J’ai aussi consacré beaucoup de temps à maman, qui elle aussi, ensemble avec papa, m’a toujours soutenue dans mon choix de vie, très difficile pour eux. Je sais combien c’est dûr de voir partir un enfant au bout du monde. Maman a actuellement 91 ans et est seule depuis le décès de papa il y a 4 ans déjà. Elle est aussi hélas pratiquement aveugle et a fait un AVC fin avril ; la vie n’est pas facile pour elle qui a toujours été très active. Alors j’ai choisi cette fois de lui consacrer autant de temps que possible. Je demande donc  aux membres de nos familles et aux amis, à qui je n’ai pas eu l’occasion de rendre visite, de me pardonner. Il existe parfois des priorités qui ne peuvent être mises de côté.

A l’approche des mois de juillet et août, je vous souhaite à tous de merveilleuses vacances ! Que le soleil, qui vous a tant fait défaut pendant des mois, soit de la partie en ce bel été. Et que vous puissiez tous profiter d’un repos bien mérité. Je vous embrasse.

                                                                                          

                                                                                                   Evelyne                        



             

          Evelyne et Michel

           van der Meersch




      




Le droit à la dignité

Nous sommes le 10 mars. En cette belle journée ensoleillée, je vais rendre visite à deux familles de nos enfants. Il y a urgence pour elles. Plus de nourriture à la maison, et plus de lieu décent où dormir pour l’une d’entre elles.

La première famille est celle de Nicolas, 12 ans, et Michael, 10 ans. Ces deux frères sont venus de notre centre en ville et je ne suis encore jamais allée dans leur famille, car c’était Gislany, la responsable de l’équipe du centre, qui s’en occupait. Je rendais visite pour ma part aux enfants de notre centre, en périphérie. Lorsque Gislany se rendait dans leur famille, elle parlait toujours avec leur maman sur le pas de la porte, à la rue. Elle n’était jamais entrée, la maman des deux garçons étant manifestement gênée de la situation.

Cette fois, j’ai décidé de m’y rendre, avec deux de nos employés Sidney et Eduardo, car nous allons leur porter de l’aide. Nous leur portons un colis alimentaire, mais également un matelas et une garde-robe que nous avons en réserve. Je sais par les deux enfants qu’ils en ont vraiment besoin. C’est l’occasion pour moi de connaître leur cadre de vie, devant y entrer pour y porter ces dons.

La deuxième famille est celle de Maria-Clara, dont je vous ai raconté l’histoire dans la revue de janvier. La petite était triste ces jours-ci. Elle a fini par m’avouer qu’il n’y avait plus rien à manger chez eux. Nous leur portons donc un gros colis alimentaire.

Nous partons à 8h du matin, la camionnette remplie de tout ce que nous portons à ces deux familles dans le besoin. Nous allons d’abord chez Nicolas et Michael. Lorsque nous arrivons devant le vieux portail, en bordure de rue et de trottoir, nous n’imaginons pas un instant ce que nous allons découvrir. Nous frappons au portail et la maman des deux garçons, Iriane, arrive bien vite. Nous l’avons prévenue de notre venue ce matin. 

Lorsqu’elle ouvre le portail, nous constatons de suite que les manoeuvres ne seront pas faciles. Nous nous trouvons devant un escalier en béton, des plus irréguliers, avec des marches de différentes hauteurs. Cet escalier a trois paliers, une dizaine de marches entre chaque, et il descend de façon très abrupte. La troisième volée de marches est très étroite et sombre. Ça donne une sensation de descente aux enfers...  Nous déchargeons tout d’abord le matelas. Sidney le descend avec beaucoup de difficultés. Il a du mal a passer la dernière volée de marches ; je l’aide comme je peux, descendant juste derrière lui. Eduardo vient juste après avec le colis alimentaire. Nous comprenons vite que ce sera impossible de descendre la garde-robe, elle ne passera jamais. Pas d’autres solutions, il faut la démonter. Nous avons heureusement prévu les outils nécessaires. Pendant que Sidney et Eduardo la démontent près de la camionnette, j’essaye de reprendre mes esprits. Je suis absolument horrifiée et abasourdie par ce que je découvre. L’habitation, car je ne peux même pas dire « la maison », de Iriane est absolument innomable. C’est une sorte de cave, à environ 10m en contrebas de la route

Deux minuscules pièces en tout et pour tout : une chambre d’environ 2m sur 3m et une minuscule cuisine de 2m sur 2m. Une dizaine de mètres carrés au total, logeant cinq personnes, Iriane et ses quatre garçons. L’aîné, Carlos, a 15 ans et le petit dernier, Luan, a 2 ans. Cinq personnes dans 10 mètres carrés !  Je me demande comment il est possible de vivre dans de telles conditions. C’est absolument inhumain et dégradant. Dans la chambre, un lit et une vieille garde-robe tombant en morceaux. C’est par Nicolas que j’ai su ce dont sa famille avait besoin. Dans le lit dorment sa maman, lui et son petit frère. Et par terre entre l’armoire et le lit dorment Michael et Carlos, sur un vieux matelas tout déchiré. Parfois, pendant la nuit, des morceaux de garde-robe tombent sur eux. Je retire le vieux matelas et le remplace par le nouveau que nous venons d’apporter. Ainsi, Michael et Carlos dormiront un peu plus confortablement.

Je ressens un manque d’air dans cette cave et j’essaye de m’imaginer ce que ce doit être pour les enfants de vivre dans cet endroit sinistre. Je n’y tiendrais pas 24h. Je pense à ce qu’ils doivent vivre pendant les fins de semaine et les vacances, quand il n’y a pas école ni Crianças do Mundo. C’est vraiment trop triste et profondément injuste de vivre dans de telles conditions de misère, lorsque l’on voit l’indifférence des riches brésiliens. Mais comment sensibiliser des personnes qui ne se soucient pas des autres ?



Lorque la garde-robe est démontée, la maman nous aide à descendre les différentes parties. Il faut d’abord enlever la vieille armoire, qui tombe littéralement en morceaux.Toutes ces manoeuvres ne sont pas évidentes, vu l’étroitesse de l’endroit. Nous montons et descendons ces escaliers nombre de fois, mais finalement, la nouvelle garde-robe est à sa place, remontée. Le matelas restera sur le lit pendant la journée, et sera placé par terre pour la nuit.

Iriane ne sait comment nous remercier. Elle a les larmes aux yeux. Nous ne pouvons malheureusement pas lui offrir un autre logement. Mais au moins, l’endroit où ils vivent sera un peu plus agréable.

Nous quittons Iriane et nous rendons chez Gleicy, la maman de Maria-Clara. La veille, j’ai pris contact avec elle pour lui annoncer notre visite en précisant l’heure où nous passerions. Vous vous souvenez des problèmes qu’il y a dans leur quartier : la guerre entre deux bandes rivales de trafics de drogue. Alors pour pouvoir y entrer, si l’on n’est pas un habitant de là, il faut « l’autorisation » des chefs des trafiquants. Ce n’était pas comme ça avant, mais c’est hélas le cas maintenant. J’ai donc prévenu Gleicy de ma venue le lendemain vers 10h30.

Nous arrivons Sidney et moi dans le quartier. Eduardo, qui nous avait suivi en moto, est reparti. Nous nous garons et déchargeons le colis alimentaire. Sidney le prend et nous entrons dans la ruelle qui mène à la maison de Gleicy. Dès que nous entrons dans la ruelle, nous croisons un jeune qui nous dévisage et regarde mon uniforme. Il ne dit rien et nous continuons sans problème. Un peu plus loin, un autre jeune, arme à la ceinture nous dévisage également, regarde mon uniforme et nous dit : « Ah, Crianças do Mundo, c’est bon... ». Et nous continuons . Nous arrivons à la maison de Gleicy sans encombres, grâce à l’appel fait la veille, prévenant de notre venue. Sinon probablement que ces jeunes ne nous auraient pas laissé passer. 

Je pense à toutes nos petites filles, de 8, 9 et 10 ans,  qui vivent dans cet endroit, qui voient quotidiennement ces trafiquants diriger le quartier à leur guise, et qui connaissent souvent la peur lors des échanges de tirs entre les deux bandes, les obligeant à rester cloîtrées chez elles, ne pouvant pas aller ni à l’école ni à Crianças do Mundo. Quelle vie pour ces pauvres petites !

Gleicy nous accueille chaleureusement. Nous lui remettons le colis alimentaire et elle nous remercie, car effectivement, elle n’avait plus rien pour faire à manger à la maison. Sidney préfère m’attendre dehors et je bavarde un peu avec Gleicy. Elle est plus ou moins étendue sur un vieux divan et m’explique qu’elle est remplie de furoncles. Elle est allée au poste de santé, mais il n’y avait pas de médecin. On lui a dit de revenir mercredi prochain. Nous sommes vendredi... La pauvre a encore bien le temps de souffrir. Les pauvres n’ont vraiment pas de droits, c’est trop triste. La seule chose que je puisse faire, c’est de lui envoyer par Maria-Clara une pommade antibiotique que j’ai, qui est adaptée aux furoncles et qui la soulagera un peu. Après un quart d’heure passé à bavarder avec Gleicy, je la quitte, car il est temps de rentrer. Elle remercie à nouveau Crianças do Mundo pour toute l’aide accordée à sa famille. Elle me redit combien Maria-Clara est heureuse chez nous. Je promets à Gleicy de revenir la voir très bientôt.

Nous repartons Sidney et moi. Nous rencontrons à nouveau un des jeunes dans la ruelle. Nous le saluons tranquillement et il nous dit au-revoir. Depuis ces longues années à faire des visites dans les familles de nos enfants, circulant dans tous les quartiers considérés dangereux, car c’est hélas là que vivent nos enfants, je n’ai jamais eu aucun problème ni reçu aucune menace. Même les trafiquants connaissent Crianças do Mundo, par les enfants de leurs quartiers. Ils savent le travail que nous faisons avec eux, l’aide que nous apportons à leurs familles et ils nous respectent, heureusement.



De retour à Crianças do Mundo, les images que j’ai vues aujourd’hui me restent dans la tête. Je suis vraiment bouleversée de savoir où vivent Nicolas et Michael avec leur famille. Comment ces enfants peuvent-ils être si souriants en vivant dans un tel endroit dégradant et déprimant ? Ils sont pour moi de vrais petits héros ! Et je les admire pour leur courage et leur bonne humeur envers et contre tout. Nicolas et Michael ne se plaignent jamais de rien, demandent rarement de l’aide, alors qu’ils ont tellement de besoins ; ils s’entendent bien avec tous nos autres enfants, ne donnent jamais aucun problème de comportement et sont très affectueux. Tous les deux, ainsi que leur famille, méritent toute l’aide que nous pouvons leur apporter, même si c’est peu de choses devant une telle situation. Et nous veillerons à leur rendre la vie un peu moins pénible, autant que nous le pourrons.

Depuis ma visite chez eux et l’aide apportée, Nicolas et Michael me serrent tous les jours très fort dans leurs bras lorsqu’ils arrivent le matin. C’est leur façon à eux de dire merci, et ça me touche beaucoup !

                                                                                                      Evelyne     


Merci, merci!

 Le vendredi 24 mars 2023 a eu lieu en la belle église St Joseph de Wezembeek-Oppem un concert organisé par un groupe toujours super disposé à nous aider.

Les artistes, cinq femmes chantant et s’accompagnant au piano, forment un groupe qui s’appelle « trois voix, quatre mains ».

Près de 200 personnes sont venues assister à ce concert, organisé au profit de Crianças do Mundo.

Les échos reçus après le concert ont été des plus positifs et enthousiastes ! Non seulement tous ont beaucoup apprécié la performance des artistes. mais l’ambiance y a été très sympathique.

Un immense MERCI à tous, les organisateurs, les artistes et les spectateurs ! Votre aide sera très utile à nos enfants. Muito obrigada !

Le dimanche 30 avril 2023 a eu lieu un autre concert au profit de nos enfants de Crianças do Mundo. Il a eu lieu dans la jolie petite église de Heer-Sur-Meuse, petit village d’environ 700 habitants, près de la frontière française, à côté de Givet, près de Beauraing. Ce fut un concert du Choeur « Le Madrigal », dirigé par ma soeur Béatrice et accompagné par mon beau-frère Joël. 

Autour de 80 personnes présentes, qui après un concert très beau et très apprécié, se sont retrouvées autour du verre de l’amitié, dans une ambiance sympathique et chaleureuse. 

Un immense MERCI à vous tous, les choristes amateurs mais excellents, qui ont répété et préparé ce concert pendant des semaines, avec beaucoup d’amour et à tous les spectateurs qui ont ainsi contribué à aider des enfants du bout du monde, en grand besoin d’affection et de soutien. Muito obrigada !

Evelyne


La relève est assurée

Vous savez maintenant que notre Marco Antônio n’est plus à Crianças do Mundo, étant parti pour un an en Irlande.

Marco Antônio était très précieux à Crianças do Mundo. Il avait tout appris avec Michel durant les dernières années de sa vie, car Michel voulait le former à prendre sa relève un jour. Et c’est ce qui s’est produit depuis sa disparition. Marco Antônio a bien assuré le travail avec les enfants aux différents moments nécessaires de la journée, comme l’accompagnement dans le bus, aux douches, à la piscine... Mais voilà que Marco Antônio a pris son envol, ce qui est normal à 22 ans, et aussi notre objectif à Crianças do Mundo. Il nous manque beaucoup, mais nous sommes heureux pour lui de le voir se lancer courageusement dans la vie et de profiter des formidables opportunités qui s’offrent à lui.

Heureusement, la relève est une nouvelle fois assurée. En 2015, nous accueillons un petit garçon nommé Leandro. Il a 8 ans et vient d’une famille pauvre, sans père. Sa mère fait de la coûture pour subvenir aux besoins de sa famille.

Leandro se montre dès le départ un enfant très gentil, bien élevé et bon élève. Il a une bonne intégration dans le goupe et est apprécié de tous. Nous retrouvons en lui toutes les qualités qu’a Marco Antônio : une gentillesse naturelle envers les autres, une grande serviabilité, le sérieux dans les études, et aussi une certaine maturité et responsabilité malgré son jeune âge. Nous sentons bien vite qu’il pourrait être un leader au milieu des enfants.

Leandro évolue très bien au fil des ans, il grandit très fort et lorsqu’il a 13 ans, Michel lui propose d’être moniteur dans les activités sportives, aux côtés de Dener, notre professeur d’éducation physique, et de Marco Antônio qui a alors 19 ans et est déjà engagé officiellement par Crianças do Mundo. Leandro accepte, tout content de cette confiance que nous déposons en lui.

Au fil des mois, Leandro devient un garçon très responsable. Il assume très bien son rôle auprès des enfants et ceux-ci l’adorent et le respectent. Sa grande taille l’aide bien sûr à s’imposer, mais il a en lui une autorité naturelle. Michel lui a fait confiance et maintenant, je fais de même. Leandro a eu 16 ans en ce mois de janvier 2023. L’âge où nous pouvions l’engager officiellement à Crianças do Mundo. Ce que nous avons fait. Lorsque je le lui ai annoncé, Leandro a eu les larmes aux yeux. C’était ce qu’il souhaitait depuis toujours, sans savoir si ça se produirait pour lui. Il me remercie et me dit qu’il ne nous décevra jamais. Ce dont je n’ai aucun doute.

Pendant les dernières semaines de l’année 2022, Marco Antônio a pris Leandro à ses côtés, pour lui transmettre tout ce qu’il devait savoir au niveau des activités des enfants qu’il allait devoir accompagner. Il a fait avec Leandro ce que Michel avait fait avec lui quelques années plus tôt. 

La relève est assurée. Et ce qui est formidable, c’est que ce sont nos propres enfants qui petit à petit assument un vrai rôle à Crianças do Mundo. Notre rêve de toujours, à Michel et moi. Il en va de même au niveau de notre Conseil d’Administration. Depuis déjà quelques années, nos grands fils internes assument un rôle dans ce Conseil. Et actuellement, suite aux décès de Michel et de Noraldo, notre fils avocat, Bruno, est le Président du Conseil ; notre fils aîné Rogério en est le Vice-Président ; et 8 de nos fils et belles-filles les plus proches sont membres actifs de ce Conseil, en tant que trésorier, secrétaire ou autre. Quelle joie et quelle récompense pour nous de voir nos enfants s’investir à fond dans ce projet qui leur a permis de trouver une famille, de grandir heureux et de se préparer à la vie. C’est leur manière de rétribuer un peu de ce qu’ils ont reçu et c’est formidable !

                                                                                                                   Evelyne




La célébration de la passion


Comme chaque année, nous  avons célébré Pâques avec tous nos enfants. Pendant trois semaines, les enfants, orientés par notre équipe pédagogique, ont fait quotidiennement des répétitions pour le grand jour. Ils prennent toujours ce « spectacle » très à coeur et le font très sérieusement. Beaucoup veulent participer. Il n’y a bien sûr pas de rôle pour tous, ils sont trop nombreux, mais nous leur trouvons malgré tout quelque chose à faire pour qu’ils se sentent inclus dans la représentation. 

Cette représentation a eu lieu le Jeudi Saint, le vendredi étant férié au Brésil. Ce fut une fois de plus très beau et émouvant. Le petit Gabriel de 12 ans, dans le rôle de Jésus, a été merveilleux de réalisme et d’expression, terriblement touchant. Ce spectacle restera gravé dans les mémoires de tous les présents.

                                                                                                            Evelyne


lundi 13 mars 2023

Nouvelles du 1er trimestre 2023

Voilà déjà le premier trimestre 2023 qui est passé. Pour nous ici au Brésil, une nouvelle année scolaire qui a commencé. Pendant les grandes vacances d’été,  également saison des pluies, beaucoup de régions du Brésil ont été très affectées par des pluies absolument torrentielles, provoquant des inondations, des éboulements et effondrements de collines, avec malheureusement son lot de victimes. C’est hélas chaque année le même drame en saison des pluies. Des millions de familles pauvres vivent dans des endroits dangereux parce qu’elles n’ont pas d’autres choix, et ce sont elles qui sont les premières victimes de ces tragédies.

Chez nous, rien de dramatique, mais de nombreux orages avec des conséquences bien désagréables et coûteuses. Un orage particulièrement violent a provoqué d’énormes dégâts. La foudre est tombée à deux reprises sur la maison, brûlant plusieurs appareils, ordinateur, interphones, vídeo, appareil Wi-Fi, moteur de la grille d’entrée... Nous vivons évidemment au milieu d’une forêt, difficile de nous protéger vraiment. Ce genre de désagrément n’arrive heureusement pas fréquemment ; nous débranchons toujours tout ce qui peut l’être lorsque l’orage nous en laisse le temps !

Toute notre équipe et tous nos enfants vous souhaitent du fond du coeur une « MERVEILLEUSE FÊTE DE PAQUES » ! Avec dans nos coeurs à tous l’espérance d’un monde meilleur et plus juste.

                                                                                        Evelyne 



Une solidarité merveilleuse et touchante

En cette fin d’année 2022, la situation financière était bien compliquée  à Crianças do Mundo. Fin novembre, nous ne savions pas encore trop comment trouver les ressources pour terminer l’année. Comme toujours, l’aide fidèle de nos amis de Belgique nous a permis de franchir cette fin d’année et nous voici en 2023, accueillant toujours nos enfants avec autant d’enthousiasme et d’amour. Je n’ai malheureusement pas pu faire de nouvelles inscriptions en ce début d’année, car il fallait diminuer un peu le nombre d’enfants, pour ne pas risquer de passer par des moments encore plus difficiles. La vingtaine d’adolescents  sortis en fin d’année dernière n’ont donc pour le moment pas été remplacés par des petits nouveaux. Je verrai dans le courant de cette année s’il y a une possibilité d’en accueillir. Mais ce sera difficile, car depuis janvier, une soixantaine de mamans, grand-mères, grand-pères ou autres sont déjà venus sonner à notre grille pour demander d’inscrire leur enfant. La demande est énorme et ce serait vraiment compliqué de choisir une vingtaine d’enfants au milieu de tous ceux qui en ont besoin.

L’aide de Belgique nous a donc permis de passer le cap 2022-2023.Seulement voilà, les fonds disponibles devaient servir à l’essentiel de la vie à Crianças do Mundo. Pas question de faire des dépenses superflues. Nous étions tristes, mais nous n’allions pas pouvoir offrir les petits chocolats et bonbons habituels pour la Noël des enfants. Je les ai tous réunis un jour et je leur en ai parlé, expliquant la situation difficile que nous vivions en ce moment de crise mondiale et l’impossibilité pour nous d’acheter leurs « cadeaux » de Noël. Bien qu’un peu tristes, ce qui est normal pour des enfants, ils ont compris et accepté la situation. Nos enfants sont hélas habitués aux privations.

Mais voilà qu’un miracle s’est produit, et quel miracle ! Un jour, Augusto, notre « ancien » et professeur universitaire en mathématiques, vient me rendre visite comme il le fait très régulièrement, parfois seul, parfois avec sa famille. Il me demande si j’accepte qu’il organise une action avec les anciens de Crianças do Mundo qui souhaitent participer, dans le but de récolter l’argent nécessaire à l’achat des chocolats et bonbons des enfants. Augusto était au courant de nos difficultés et avait bien imaginé que ce serait difficile pour nous d’offrir un cadeau aux enfants. Sa formidable idée me remplit évidemment de joie et je lui  réponds que je trouve ça vraiment merveilleux de sa part d’y avoir pensé, et que j’accepte bien entendu son offre généreuse.

Augusto prend alors contact dans les jours suivants avec toute une série de nos anciens, avec qui il correspond encore par les réseaux sociaux ou autres. Et surgit alors une formidable et immense chaîne de solidarité. J’ assiste à un « effet domino » extraordinaire ! Les anciens qu’avait contactés Augusto connaissaient d’autres anciens et ainsi de suite. Finalement, une centaine d’entre eux  répond à l’appel, même depuis le Portugal et les Etats-Unis où certains vivent aujourd’hui. Je suis vraiment agréablement surprise para cette générosité de nos anciens, dont la plupart est sortie de Crianças do Mundo depuis 10 ou 15 ans. Tous ceux qui ont été contactés répondent à l’appel sans hésiter. Et leur générosité est telle que nous pouvons acheter des chocolats et des bonbons pour nos 120 enfants et même pour toute notre chouette équipe !

Je suis tellement émue de ce qui vient de se passer que je tiens à remercier tous nos « grands » qui ont participé à cette action de pure générosité. J’utilise la même chaîne d’amour et de solidarité pour leur dire toute ma profonde reconnaissance. J’envoie un message à Augusto, qui le transmet à ses amis, qui le transmettent à d’autres ... et ainsi de suite jusqu’à ce que tous aient reçu mon message de remerciement. Je tiens à leur dire combien leur geste m’a touchée. Ils ont tous passé quelques années de leur enfance parmi nous et ont tous bénéficié de toute l’aide nécessaire pour eux à ce moment important de leur vie. Et manifestement, ils ne l’ont pas oublié ; c’est ça qui est touchant. Ils tiennent à rendre un peu de ce qu’ils ont reçu, en aidant les enfants de maintenant à être heureux également, tout comme eux l’ont été à l’époque. J’avoue avoir été bouleversée par leur geste et leur solidarité. Quel merveilleux retour offert par tous ces anciens !

Leur geste merveilleux nous a tous tellement touchés que j’ai tenu à l’expliquer à nos enfants. Le dernier jour passé avec eux, juste avant Noël, nous faisons la représentation de la Nativité, comme chaque année, et ensuite je les réunis tous. Je leur rappelle que nos difficultés financières ne nous auraient pas permis de leur offrir bonbons et chocolats cette année, mais que grâce à d’anciens « enfants de Crianças do Mundo », ils allaient tous les recevoir. Je leur explique comment s’est créée la chaîne de solidarité permettant de leur offrir ce cadeau de Noël. Et j’ajoute que j’espère voir un jour le même genre de geste de solidarité de leur part, quand ils seront plus grands, envers d’autres enfants dans le besoin, que ce soit à Crianças do Mundo, dans leurs quartiers ou ailleurs. Le sourire sur le visage de tous nos enfants, au moment de recevoir leurs chocolats et bonbons, vaut la peine d’être vu par tous ceux qui y ont participé et nous faisons une petite vidéo que je joindrai à mon message de remerciement.

Cette solidarité nous prouve que le travail réalisé avec tous ces enfants depuis maintenant 40 ans porte ses fruits. Tous gardent dans le coeur le souvenir de leur enfance heureuse parmi nous, et tiennent à rendre à d’autres enfants un peu de l’amour reçu pendant qu’ils vivaient parmi nous. C’est ce que Michel et moi avons toujours appelé « l’esprit de famille de Crianças do Mundo » !

                                                                                                               Evelyne