lundi 13 mars 2023

Nouvelles du 1er trimestre 2023

Voilà déjà le premier trimestre 2023 qui est passé. Pour nous ici au Brésil, une nouvelle année scolaire qui a commencé. Pendant les grandes vacances d’été,  également saison des pluies, beaucoup de régions du Brésil ont été très affectées par des pluies absolument torrentielles, provoquant des inondations, des éboulements et effondrements de collines, avec malheureusement son lot de victimes. C’est hélas chaque année le même drame en saison des pluies. Des millions de familles pauvres vivent dans des endroits dangereux parce qu’elles n’ont pas d’autres choix, et ce sont elles qui sont les premières victimes de ces tragédies.

Chez nous, rien de dramatique, mais de nombreux orages avec des conséquences bien désagréables et coûteuses. Un orage particulièrement violent a provoqué d’énormes dégâts. La foudre est tombée à deux reprises sur la maison, brûlant plusieurs appareils, ordinateur, interphones, vídeo, appareil Wi-Fi, moteur de la grille d’entrée... Nous vivons évidemment au milieu d’une forêt, difficile de nous protéger vraiment. Ce genre de désagrément n’arrive heureusement pas fréquemment ; nous débranchons toujours tout ce qui peut l’être lorsque l’orage nous en laisse le temps !

Toute notre équipe et tous nos enfants vous souhaitent du fond du coeur une « MERVEILLEUSE FÊTE DE PAQUES » ! Avec dans nos coeurs à tous l’espérance d’un monde meilleur et plus juste.

                                                                                        Evelyne 



Une solidarité merveilleuse et touchante

En cette fin d’année 2022, la situation financière était bien compliquée  à Crianças do Mundo. Fin novembre, nous ne savions pas encore trop comment trouver les ressources pour terminer l’année. Comme toujours, l’aide fidèle de nos amis de Belgique nous a permis de franchir cette fin d’année et nous voici en 2023, accueillant toujours nos enfants avec autant d’enthousiasme et d’amour. Je n’ai malheureusement pas pu faire de nouvelles inscriptions en ce début d’année, car il fallait diminuer un peu le nombre d’enfants, pour ne pas risquer de passer par des moments encore plus difficiles. La vingtaine d’adolescents  sortis en fin d’année dernière n’ont donc pour le moment pas été remplacés par des petits nouveaux. Je verrai dans le courant de cette année s’il y a une possibilité d’en accueillir. Mais ce sera difficile, car depuis janvier, une soixantaine de mamans, grand-mères, grand-pères ou autres sont déjà venus sonner à notre grille pour demander d’inscrire leur enfant. La demande est énorme et ce serait vraiment compliqué de choisir une vingtaine d’enfants au milieu de tous ceux qui en ont besoin.

L’aide de Belgique nous a donc permis de passer le cap 2022-2023.Seulement voilà, les fonds disponibles devaient servir à l’essentiel de la vie à Crianças do Mundo. Pas question de faire des dépenses superflues. Nous étions tristes, mais nous n’allions pas pouvoir offrir les petits chocolats et bonbons habituels pour la Noël des enfants. Je les ai tous réunis un jour et je leur en ai parlé, expliquant la situation difficile que nous vivions en ce moment de crise mondiale et l’impossibilité pour nous d’acheter leurs « cadeaux » de Noël. Bien qu’un peu tristes, ce qui est normal pour des enfants, ils ont compris et accepté la situation. Nos enfants sont hélas habitués aux privations.

Mais voilà qu’un miracle s’est produit, et quel miracle ! Un jour, Augusto, notre « ancien » et professeur universitaire en mathématiques, vient me rendre visite comme il le fait très régulièrement, parfois seul, parfois avec sa famille. Il me demande si j’accepte qu’il organise une action avec les anciens de Crianças do Mundo qui souhaitent participer, dans le but de récolter l’argent nécessaire à l’achat des chocolats et bonbons des enfants. Augusto était au courant de nos difficultés et avait bien imaginé que ce serait difficile pour nous d’offrir un cadeau aux enfants. Sa formidable idée me remplit évidemment de joie et je lui  réponds que je trouve ça vraiment merveilleux de sa part d’y avoir pensé, et que j’accepte bien entendu son offre généreuse.

Augusto prend alors contact dans les jours suivants avec toute une série de nos anciens, avec qui il correspond encore par les réseaux sociaux ou autres. Et surgit alors une formidable et immense chaîne de solidarité. J’ assiste à un « effet domino » extraordinaire ! Les anciens qu’avait contactés Augusto connaissaient d’autres anciens et ainsi de suite. Finalement, une centaine d’entre eux  répond à l’appel, même depuis le Portugal et les Etats-Unis où certains vivent aujourd’hui. Je suis vraiment agréablement surprise para cette générosité de nos anciens, dont la plupart est sortie de Crianças do Mundo depuis 10 ou 15 ans. Tous ceux qui ont été contactés répondent à l’appel sans hésiter. Et leur générosité est telle que nous pouvons acheter des chocolats et des bonbons pour nos 120 enfants et même pour toute notre chouette équipe !

Je suis tellement émue de ce qui vient de se passer que je tiens à remercier tous nos « grands » qui ont participé à cette action de pure générosité. J’utilise la même chaîne d’amour et de solidarité pour leur dire toute ma profonde reconnaissance. J’envoie un message à Augusto, qui le transmet à ses amis, qui le transmettent à d’autres ... et ainsi de suite jusqu’à ce que tous aient reçu mon message de remerciement. Je tiens à leur dire combien leur geste m’a touchée. Ils ont tous passé quelques années de leur enfance parmi nous et ont tous bénéficié de toute l’aide nécessaire pour eux à ce moment important de leur vie. Et manifestement, ils ne l’ont pas oublié ; c’est ça qui est touchant. Ils tiennent à rendre un peu de ce qu’ils ont reçu, en aidant les enfants de maintenant à être heureux également, tout comme eux l’ont été à l’époque. J’avoue avoir été bouleversée par leur geste et leur solidarité. Quel merveilleux retour offert par tous ces anciens !

Leur geste merveilleux nous a tous tellement touchés que j’ai tenu à l’expliquer à nos enfants. Le dernier jour passé avec eux, juste avant Noël, nous faisons la représentation de la Nativité, comme chaque année, et ensuite je les réunis tous. Je leur rappelle que nos difficultés financières ne nous auraient pas permis de leur offrir bonbons et chocolats cette année, mais que grâce à d’anciens « enfants de Crianças do Mundo », ils allaient tous les recevoir. Je leur explique comment s’est créée la chaîne de solidarité permettant de leur offrir ce cadeau de Noël. Et j’ajoute que j’espère voir un jour le même genre de geste de solidarité de leur part, quand ils seront plus grands, envers d’autres enfants dans le besoin, que ce soit à Crianças do Mundo, dans leurs quartiers ou ailleurs. Le sourire sur le visage de tous nos enfants, au moment de recevoir leurs chocolats et bonbons, vaut la peine d’être vu par tous ceux qui y ont participé et nous faisons une petite vidéo que je joindrai à mon message de remerciement.

Cette solidarité nous prouve que le travail réalisé avec tous ces enfants depuis maintenant 40 ans porte ses fruits. Tous gardent dans le coeur le souvenir de leur enfance heureuse parmi nous, et tiennent à rendre à d’autres enfants un peu de l’amour reçu pendant qu’ils vivaient parmi nous. C’est ce que Michel et moi avons toujours appelé « l’esprit de famille de Crianças do Mundo » !

                                                                                                               Evelyne


Le triste bilan de 4 ans de gouvernance désolante...

De 2019 à 2022, le Brésil a subi de nombreux drames : humains, économiques, écologiques.

La pandémie du Covid a fait près de 700.000 morts. Les pluies torentielles ont amené leur part de victimes humaines. La nature et les hommes ont beaucoup souffert. La misère est revenue en force, avec ses millions de familles ne pouvant plus nourrir leurs enfants, ne pouvant plus payer leur loyer et se retrouvant dans la rue.

La nature a été victime d’une politique permettant sa destruction sans aucun contrôle, aucune punition ni intervention policière ou autre. La région la plus atteinte a été l’Amazonie. Durant ces quatre années, 29 millions d’hectares ont été consumés par les flammes ! D’après les responsables de l’Observatoire du Climat, ces chiffres élevés et catastrophiques sont le reflet direct de la fragilisation criminelle des politiques de l’environnement du gouvernement de l’époque. La progression des activités agricoles et d’élevage sont une des causes principales de la destruction de l’Amazonie, avec ses déboisements sans limites et le «nettoyage » de zones immenses par les incendies afin de créer des champs pour le pâturage du bétail, le tout provoqué par les grands propriétaires terriens. Les propriétaires des grandes industries du bois ont aussi profité de cette libération totale de la destruction de l’Amazonie, avec leurs abattements de milliers de tonnes de bois de toutes sortes, inclus les bois les plus nobles. Les reportages que nous avons pu voir à la télévision montrent le triste spectacle de cette Amazonie profondément et irrémédiablement blessée, et ça fait très mal.

Mais ce qui choque encore davantage ces derniers temps, c’est le traitement réservé aux indiens, les véritables et uniques brésiliens d’origine. L’ abandon total dont a été victime la population indigène pendant ces quatre ans a des conséquences absolument dramatiques. Ce n’est que maintenant, en 2023, que le pays tout entier découvre les images absolument choquantes et bouleversantes de ces tribus indiennes totalement livrées à elles-mêmes et victimes d’un véritable génocide. 

Une des populations indigènes les plus atteintes est celle des « Yanomamis ». Leurs terres ont été progressivement envahies et détruites par les prospecteurs d’or. Les différents pouvoirs ministériels les ont laissé faire à leur guise, il n’y avait plus aucun contrôle gouvernemental à cette prospection sauvage et illégale, normalement interdite sur les terres indigènes. Pendant ces quatre années d’un gouvernement insensible à la souffrance de son peuple, 21 avertissements ont été lancés à ce gouvernement par diverses associations, au sujet des indiens yanomamis. Aucun n’a été répondu. Aujourd’hui, nous assistons à une véritable crise humanitaire chez les indiens. Les images de tous ces enfants et adultes faméliques, véritables squelettes ambulants, sont terribles à voir. Elles rappellent les images vues à l’époque des grandes famines en Afrique, au Biafra, en Ethiopie, au Sahel ... 

Les prospecteurs d’or déboisent et polluent les rivières environnantes avec le mercure. Les indiens ont toujours vécu de la chasse et de la pêche. La chasse n’est plus possible à cause d’un déboisement à outrance de leurs terres. La pêche n’est plus possible à cause 

de l’empoisonnement de leurs rivières. Il ne leur reste donc plus aucun moyen de survie et ils meurent de faim. Les prospecteurs leur amènent aussi des maladies de blancs contre lesquelles les indiens n’ont aucune immunité ni résistance. Sans compter les assassinats des indiens qui tentent de résister aux envahisseurs de leurs terres. Les prospecteurs d’or en ont tué des dizaines.

Le bilan est absolument catastrophique. L’activité intense des prospecteurs a provoqué malnutrition,  famine et morts chez les indiens. L’or qu’ils découvrent est « l’or du sang Yanomami ». De 2019 à 2022, 570 morts d’enfants indiens ont été recensées, morts par malnutrition, malaria, contamination par le mercure. Actuellement, après la découverte de tribus mourant de faim, l’aide gouvernementale est arrivée. Des dizaines d’enfants en situation de malnutrition sévère ont été hospitalisés dans les divers hôpitaux de la région, beaucoup en soins intensifs car en situation de risque de vie. De nombreux adultes l’ont été également. 

Cette crise humanitaire a déclenché une intense chaîne de solidarité, publique et privée. Et des mesures sont prises contre ce crime de génocide. Il faudra du temps, mais la police et l’armée ont commencé le démantèlement des nombreux camps montés par les prospecteurs, la destruction de leurs équipements et machines, ainsi que de leurs moyens de transports (avions et barques). Tous les prospecteurs prennent la fuite avant d’être arrêtés. Il faut espérer que l’injustice et l’impunité ne règneront plus sur les terres indigènes et que les indiens vont retrouver petit à petit leur vie ancestrale digne et humaine.


                                                                                     Evelyne


Une visite sympathique

Nous sommes le samedi 25 février 2023. Vers 10h du matin, je reçois trois de nos anciens garçons, Calebe, Fernando et Fábio. Ils ont été accueillis à Crianças do Mundo entre les années 2008 et 2015 et ils ont actuellement 21, 23 et 25 ans. Fernando et Fábio sont deux frères.

Cela faisait déjà un moment qu’ils souhaitaient venir me faire une visite ; il fallait trouver un jour qui arrangeait tout le monde. Les voilà donc qui arrivent en moto. Je ne les ai plus vus depuis un bon moment et comme les jeunes se laissent maintenant tous pousser la barbe, il me faut un peu de temps pour retrouver leurs visages d’enfants. Mais très vite, au cours de la conversation, je les revois comme s’ils nous avaient quittés hier.

Nous bavardons d’abord un long moment. Tous les trois se montrent heureux d’être là. Ils sont devenus des jeunes gens très ouverts et sympathiques. Je leur demande ce qu’ils deviennent et chacun me raconte son parcours depuis le départ de Crianças do Mundo. Calebe, 23 ans, a fait des études techniques en mécanique et il travaille actuellement à l’usine sidérurgique d’Aperan (ancien Arcelor Mital) à la ville voisine d’Acesita. Fernando, 25 ans et Fábio, 21 ans, ont tous deux fait des études techniques en logistique et travaillent à l’usine sidérurgique d’Usiminas à l’autre ville voisine d’Ipatinga. Je leur dis que je suis vraiment fière d’eux et que Michel le serait aussi.

Très vite, ils me parlent d’un tas d’autres de nos anciens avec qui ils ont des contacts régulièrement. Toujours cette grande « famille » de Crianças do Mundo qui a tissé des liens indissolubles ; ça nous a toujours beaucoup touchés Michel et moi. Et ce qui fait aussi grand plaisir, c’est de les entendre parler de tous ces anciens qui vont très bien dans la vie. Tous travaillent, certains sont déjà mariés et ont des enfants dont ils s’occupent bien. Le cercle infernal de la misère est rompu et ça fait chaud au coeur. 

Nous bavardons ainsi pendant deux heures. Ils se remémorent un tas de souvenirs de leur enfance ici à Crianças do Mundo, même les bêtises qu’ils faisaient. Ils n’oublient pas tout ce que Michel a fait pour eux et lui en sont vraiment profondément reconnaissants. Comme beaucoup de nos anciens quand ils viennent nous rendre visite, Calebe, Fernando et Fábio me disent que les années passées à Crianças do Mundo ont été les meilleures de leur enfance, les plus heureuses et celles dont ils gardent de merveilleux souvenirs. Ça aussi, ça fait toujours très plaisir à entendre.

Il est déjà midi un peu passé et nos trois grands me demandent s’ils peuvent aller faire un tour, revoir les endroits où ils ont été heureux. J’accepte bien sûr et je les laisse aller seuls retrouver leurs souvenirs. J’attends leur retour ; ils disparaissent pendant trois quarts d’heure. Quand ils reviennent, ils sont enchantés de leur « tour ». Tout leur est revenu en mémoire en revoyant les différents endroits où ils ont vécu. Après s’être rafraîchis avec un verre de jus de fruits, ils demandent à pouvoir faire une photo de nous quatre. Nous la faisons dans le jardin et ensuite, ils me quittent, en me remerciant pour ces heures agréables passées ensemble. Ils me disent qu’ils reviendront ! Et ils amèneront d’autres anciens avec eux, leurs amis proches. Ça me fera très plaisir. Et je prévoirai un dîner cette fois ! 

Je les vois repartir tous les trois, souriants et heureux. Cette visite m’a fait du bien à moi aussi. C’est toujours une telle satisfaction de retrouver nos anciens enfants, de savoir ce qu’ils deviennent et surtout de voir qu’ils vont bien dans la vie. Quelle récompense pour nous ! Que demander de plus ? Absolument rien !

                                                                                                                    Evelyne


Enfin l'énergie solaire

Je vous avais raconté dans notre petit bulletin d’octobre 2022, que nous avions obtenu l’aide du Fonds pour l’Enfance et l’Adolescence nous permettant l’installation à Crianças do Mundo de panneaux solaires. Cette installation a été accomplie et fin décembre 2022, les travaux étaient terminés. 54 panneaux solaires ont été installés. En cette année 2023, nous pouvons donc déjà bénéficier de cette énergie solaire, ce qui va nous permettre de belles économies en frais d’électricité !



Un beau parcours de vie

Vous vous souvenez certainement de Marco Antônio. C’est notre « grand » qui est arrivé à Crianças do Mundo à l’âge de 8 ans, est devenu moniteur des enfants à 14 ans et a été engagé officiellement comme employé de Crianças do Mundo à 16 ans.

Michel l’a initié à toutes sortes de tâches que lui-même exécutait, le choisissant comme « successeur ». Marco Antônio a ainsi accompagné Michel pendant quatre ans, apprenant beaucoup de choses, mais aidant aussi beaucoup Michel pendant la période difficile de sa maladie.

Avec l’aide de Crianças do Mundo, Marco Antônio a commencé ses études de droit à l’université et a terminé sa quatrième année en décembre 2022. C’est alors qu’une opportunité a surgi pour lui et il n’a pas voulu la laisser passer. Un échange d’étudiants lui a permis de partir pour un an en Irlande, afin d’y perfectionner son anglais. Marco Antônio a en effet l’intention de s’orienter, après avoir obtenu son diplôme de droit, vers le droit international ou la diplomatie. L’anglais est donc primordial.

Marco Antônio est donc parti en janvier de cette année pour l’Irlande. Il a 22 ans maintenant. Il vit actuellement à Dublin où il suit des cours d’anglais et où il a trouvé un travail d’étudiant lui permettant de subvenir à ses besoins. Il semble s’être bien adapté, a été très bien accueilli par un groupe d’étudiants sympathiques et les premières impressions sont très positives. Il découvre l’Irlande dans ses moments de loisirs et est ravi de découvrir un nouveau pays, avec une culture et un mode de vie très différents. il terminera sa dernière année de droit à son retour au Brésil.

Marco Antônio est profondément reconnaissant à Crianças do Mundo pour l’aide reçue pendant toutes ces années. Il vient d’une famille très simple, quatre enfants, tous adultes maintenant, un père alcoolique et une mère dépressive. Une vie difficile, une ambiance lourde à la maison, des bagarres et un grand manque d’amour. Comment aurait-il pu imaginer, dans cet enfance malheureuse, qu’un jour il ferait des études universitaires et qu’il aurait la chance de partir dans un autre continent, d’y découvrir un monde tout nouveau pour lui et d’y créer des liens d’amitié avec des jeunes d’un autre peuple ? Comme il me l’a dit avant de partir : « C’est un rêve qui se réalise ! »

Quel bonheur d’avoir pu procurer à ce formidable garçon une vie digne de ce nom et un avenir loin de la misère ! Ceci grâce à son long passage à Crianças do Mundo, c’est-à-dire grâce à vous tous, amis de Belgique et d’ailleurs, qui nous aidez à réaliser les rêves de tous ces enfants perdus et abandonnés à leur triste sort.

Si vous continuez à nous aider, nous pourrons encore sauver un très grand nombre de ces enfants. Les demandes sont nombreuses, tellement en ont besoin ! Nous espérons pouvoir offrir pendant longtemps encore d’aussi bonnes opportunités d’avenir au plus grand nombre possible d’enfants. Ne dit-on pas en Belgique : « L’union fait la force ! »Alors continuons, tous ensemble, à rendre heureux des enfants perdus.


                                                                                               Evelyne

Un départ difficile...

 Le jeudi 22 décembre 2022, c’est notre dernier jour avec les enfants, avant les grandes vacances d’été qui ont lieu, au Brésil, en décembre et janvier. Les écoles sont déjà fermées depuis un moment, mais nous continuons toujours jusque fin décembre, afin de ne pas laisser nos enfants en « vacances » chez eux trop longtemps. Ils n’aiment pas ce mois de janvier pendant lequel ils ne peuvent pas venir chez nous. Nous aimerions pouvoir les accueillir toute l’année, mais notre formidable équipe a besoin et droit à son mois de vacances, à un repos tellement mérité.

En fin de matinée a lieu la représentation de la Nativité avec nos enfants. Toujours très belle et émouvante. Ensuite, c’est le dîner un peu spécial pour la Noël, avant  un après-midi rempli  d’un tas de chouettes activités et jeux  avec les enfants et ils en profitent au maximum. En fin d’après-midi, c’est la distribution de leurs boîtes de chocolats et leurs bonbons, un grand moment de joie également.

Vient alors le moment de l’au-revoir, et même un peu de l’adieu pour un certain nombre de nos enfants. Nous avons effectivement un groupe d’une vingtaine de jeunes adolescents de 14-15 ans, pour qui est arrivé le moment de se séparer de Crianças do Mundo. Un jour, il faut bien voler de ses propres ailes, même si ce n’est pas toujours évident. Nous les avons tous réunis quelques jours auparavant pour les orienter, en dehors de leur secondaire normal, vers différentes possibilités de cours : informatique, mécanique, robotique... , ces cours étant administrés gratuitement par des associations, publiques ou privées. Certains s’y sont déjà rendus pour faire leur inscription. Ils savent que nous continuerons à les suivre et qu’ils peuvent venir nous voir s’ils ont besoin d’aide.

Nous rassemblons les enfants auprès de nos deux bus afin de leur dire au-revoir et leur souhaiter de bonnes vacances, même si nous savons qu’elles ne seront pas bonnes pour certains d’entre eux. Ça fait mal au coeur, mais nous n’avons pas le choix.

Nos adolescents ont du mal à se diriger vers les bus ; ils ne veulent pas partir... Certains se mettent à pleurer, car  ils sont vraiment tristes de devoir quitter Crianças doMundo. L’un d’eux, Pedro Henrique, se dirige vers moi. Il se serre tout fort contre moi en pleurant convulsivement et en me disant : «  Laisse-moi rester ici, laisse-moi rester ici ! » J’ai la gorge serrée et essaye de le consoler en lui disant qu’il pourra venir de temps en temps passer l’après-midi avec nous. D’autres sont assis dans un coin, pleurant eux aussi, devant nos enfants plus petits qui restent médusés de voir autant de peine chez les grands qui doivent nous quitter. Mais aucun ne rit d’eux, tous se rendent compte de ce moment de vraie tristesse. Chaque année, le départ des grands est un moment difficile. Mais cette année, c’est pire encore. Je vois tous ces adolescents terriblement tristes de voir leur temps à Crianças do Mundo se terminer, et leurs larmes sont réelles. Qui imaginerait des garçons de cet âge pleurer sans aucune gêne devant tout le monde, petits et adultes ? C’est absolument bouleversant, surtout que nous ne pouvons pas soulager leur peine, ils doivent effectivement nous quitter.

Je leur redis à tous qu’ils continueront à faire partie de la « Famille Crianças do Mundo », qu’ils ne sont rejetés en aucun cas. Mais que la vie est ainsi, qu’un jour arrive où il faut prendre son envol. Mais notre porte leur sera toujours ouverte. Ils seront toujours les bienvenus chez nous et nous serons toujours là pour eux quand le besoin s’en fera sentir. 

Petit à petit, chacun se dirige vers le bus . Ils m’embrassent tous très fort avant de monter dans le bus, me remercient pour tout ce qu’ils ont vécu, pour tout ce qu’ils ont reçu à Crianças do Mundo, qu’ils ne l’oublieront jamais. Et je leur répète qu’ils seront toujours les bienvenus chez nous et qu’ils peuvent s’attendre à un accueil chaleureux de tous, grands et petits. Les deux bus démarrent et une page se tourne. J’ai le coeur serré et je ressens un grand vide en voyant les deux bus partir avec nos enfants. Je ne les reverrai que dans un mois. Ce mois de janvier sera long, très long.

Heureusement, fin janvier 2023 est arrivé et tous nos enfants sont revenus après ce mois de vacances. Leur arrivée le premier jour est super ! Ils descendent du bus et viennent en courant vers nous qui les attendons avec impatience. Leur joie en revenant à Crianças do Mundo fait vraiment plaisir à voir. C’est tellement plus agréable que leur départ ! Et depuis, nous recevons régulièrement des visites de nos adolescents. Ils m’envoient un petit message sur mon WhatsApp, me demandant s’ils peuvent venir le lendemain. J’accepte toujours, je le leur ai promis quand ils ont dû nous quitter. Ils sont heureux comme tout de pouvoir passer l’après-midi parmi nous de temps à autre, et ce qui est touchant, c’est l’accueil qui leur est réservé par les petits. Ceux-ci sont ravis de retrouver leurs « grands frères » qu’ils aiment beaucoup. Ces retrouvailles se passent dans une très chouette ambiance. Et tous retrouvent ainsi notre grande « famille  Crianças do Mundo » !                  

                                                                                            Evelyne