mercredi 13 mars 2024

Nouvelles du 1er trimestre 2024

Bonjour,

Cette nouvelle petite revue sera un peu différente des autres. Je vous en explique la raison un peu plus loin.

Avant tout, j’espère que vous allez tous bien et que vous faites face courageusement au climat infect que vous subissez en Belgique depuis de longs mois. Il serait grand temps que vous retrouviez un peu de soleil pour égayer vos coeurs et vos vies, et je vous le souhaite très fort.

Ici chez nous, la fin de l’été approche, avec aussi la fin des grosses chaleurs et l’arrivée d’un automne au climat nettement plus agréable. Pendant ces derniers mois, c’était aussi la saison des pluies au Brésil. De fortes pluies ont à nouveau causé des catastrophes dans certains états brésiliens, mais notre région a cette fois été épargnée. Les pluies ont cependant amené d’autres sérieux problèmes : les maladies dues au moustique tigre qui adore se développer dans les eaux stagnantes. J’y reviens dans la page suivante.

Je vous souhaite à tous une SAINTE ET HEUREUSE FÊTE DE P QUES ! Beaucoup de joies et de bonheur dans vos familles, et une occasion de solidarité autour de vous.

Merci du fond du coeur à vous tous qui soutenez fidèlement nos enfants !

                        Je vous embrasse.                                            Evelyne



Les dégâts du moustique Aedes Aegypti

Beaucoup d’entre vous ont certainement déjà entendu parler du moustique Aedes Aegypti, plus connu en Belgique sous le nom de moustique-tigre.

D’une taille un peu plus grande que le moustique commun, et avec des lignes zébrées sur le dos, il provient d’Afrique, mais il est actuellement présent  presque dans le monde entier, spécialement dans les régions tropicales et sub-tropicales. Près de 35% de la population mondiale vivent dans des régions propices et endémiques pour la prolifération du moustique.

Pour se reproduire et pondre leurs oeufs, les femelles n’ont besoin que de petites quantités d’eau, propres ou sales. Ce moustique est considéré un vecteur de transmission de maladies graves comme la fièvre jaune, la dengue, la zica et le chikungunya. La responsabilité est hélas de toute la population, qui jette des déchets de tous côtés où s’accumule l’eau de pluie.

Tout le Brésil est très affecté cette année par le moustique-tigre, mais encore plus particulièrement notre état de Minas Gerais. Et notre région du Vale do Aço est touchée par une terrible épidémie depuis la fin 2023. En ce début du mois de mars, le Brésil vient de dépasser le million de cas de dengue, avec hélas déjà 214 décès. 

La fièvre chikungunya est une maladie virale transmise donc par le moustique-tigre. Les premiers cas ont été recensés dans les années 1952-1953 en Tanzanie, dans l’est de l’Afrique, où a eu lieu la première épidémie. Le nom « chikungunya » signifie en swahili, un des idiômes de Tanzanie, « ceux qui se courbent », car les douleurs sont telles qu’on ne parvient presque plus à marcher et que le corps est tout courbé. Les principales articulations touchées sont les pieds et les orteils, les chevilles, les mains et les doigts, ainsi que les poignets. En plus de la douleur, toutes ces régions du corps gonflent très fort. La maladie peut atteindre également le système disgestif, avec des vômissements et des diarrhées. Et elle peut provoquer des taches rouges sur le corps. Au bout de quelques jours, une grande fatigue s’installe.

Les cas de dengue et de chikungunya sont très nombreux dans notre région, plusieurs milliers, et nous n’avons pas été épargnés à Crianças do Mundo. Depuis décembre 2023, plus de la moitié des membres de notre équipe a été touchée, essentiellement par le chikungunya. Nous sommes maintenant en mars, et les cas continuent d’apparaître. Cela complique beaucoup notre travail, car les absences se multiplient. Pendant deux semaines, la cuisinière principale du Centre d’Activités a été absente. Il a fallu y remédier. Heureusement, une de nos femmes de ménage cuisine très bien et elle a accepté de travailler à la cuisine pendant ces deux semaines. Son travail d’entretien a été laissé un peu de côté ; il était plus important de nourrir nos enfants que de nettoyer.

La moitié de nos professeurs a été atteinte également. A chaque fois, il faut réorganiser le travail avec les enfants, reformer des goupes différents, pour que tous reçoivent l’aide nécessaire à l’étude. Tout ça n’est pas simple, surtout que nous ne voyons pas encore le bout du tunnel ; l’épidémie est loin d’être enrayée et il semblerait même que nous n’ayons pas encore atteint le pic des maladies. 

Je peux vous assurer que l’absence des membres de notre équipe atteints par le chikungunya est entièrement justifiée. Je peux en parler en connaissance de cause, car j’ai malheureusement été moi-même attteinte par cette terrible maladie. Je pensais y échapper, j’avais tenu bon les deux premiers mois de l’épidémie, mais hélas ce ne fut pas le cas. 

Les symptômes sont apparus le samedi 17 février. D’abord un mal-être général, comme un début de grippe. Ensuite un mal de tête assez violent et de la fièvre élevée, ainsi que des douleurs musculaires. Mais le pire était encore à venir ... les douleurs articulaires. Le chikungunya est une maladie qui attaque toutes les articulations du corps, provoquant leur inflammation. Le lendemain, le dimanche matin, j’ai bien pensé ne pas parvenir à me lever. J’avais entendu le témoignage de plusieurs personnes qui ont été atteintes par le chikungunya, dont notre cuisinière, et toutes disaient qu’elles n’avaient plus pu sortir de leur lit pendant une semaine. Je les comprenais. Au moment de poser les pieds hors du lit,  avec  déjà beaucoup de difficultés,  la douleur a été telle que j’ai pensé ne jamais arriver à me lever. Mais j’ai fait l’effort tout de même et je suis parvenue, en marchant comme une « petite vieille », toute courbée en effet et avançant à tout petits pas traînants, à aller jusqu’au fauteuil de notre petit salon. Et là, je suis restée ... Repos complet obligatoire.

Le lundi, tous les enfants et notre équipe sont revenus, et j’ai prévenu que je ne pourrais pas faire mon travail pendant quelques temps, que j’avais attrapé le chikungunya. Une fois de plus, l’équipe a été formidable et a réorganisé le travail pour me remplacer là où c’était indispensable.

J’ai été, comme toujours, super bien entourée par tous. La maladie ôte en plus tout appétit et même toute envie de manger quoi que ce soit, tellement on a un goût amer en bouche. Tout ce qu’on avale est horrible, salé ou sucré. Il faut donc faire de gros efforts pour avaler la moindre nourriture. Alors notre adorable cuisinière, qui s’occupe des repas de nos petites filles ici à la maison, a tout fait pour que j’avale au moins de petites choses,  sucrées  pour  la  plupart  car c’est ce que je  préfère.  Petites  crèmes  de  maïs, gélatine sucrée, salades de fruits, jus de fruits naturels ... elle apparaissait à tout moment pour m’apporter quelque chose et essayer de me faire manger. Ça m’a beaucoup touchée et je faisais des efforts pour manger un peu, pour lui faire plaisir.

On m’a aussi apporté grand nombre de boissons hydratantes et énergétiques. Le chikungunya déshydrate aussi beaucoup et il est impératif de s’hydrater au maximum. Je faisais de gros efforts, moi qui n’ai jamais soif !

J’ai passé toute la première semaine dans le fauteuil, incapable de faire quoi que ce soit. Me lever ne fut-ce que pour aller à la toilette était très douloureux. La douche en fin de journée était un supplice. Je comprenais ce que m’avaient raconté les personnes qui avaient été atteintes. Ce n’était pas exagéré.

Par deux fois en cette première semaine, on a dû m’emmener à l’hôpital pour que je sois mise sous perfusion avec des anti-douleurs et pour me réhydrater. Le pire avec cette maladie, c’est qu’il n’existe pas de traitement. Il faut supporter le mieux possible et attendre que ça passe. On doit juste prendre de l’anti-pyrétique et des anti-douleurs mais qui ne sont  pas très efficaces. 

Nous sommes aujourd’hui le 11 mars. Trois semaines se sont donc écoulées depuis le début de ma maladie. Je remarche bien sûr, même si c’est lentement et parfois en boîtant un peu, car les douleurs articulaires sont toujours là, moins fortes heureusement. Je n’ai pas encore pu reprendre mon travail normalement auprès des enfants. J’espère pouvoir m’y remettre bientôt.

Ce qui est grave avec le chikungunya, c’est qu’il peut laisser des séquelles, articulaires surtout, pendant de longs mois, même des années, et parfois à vie, car la maladie devient chronique. Je ne peux qu’espérer ne pas faire partie de ce groupe et retrouver toute ma vitalité. Beaucoup de personnes qui l’ont eu me disent que leur état dépend des jours, même s’ils l’ont eu il y a 2-3 mois. Certains jours, ils se lèvent bien, d’autres jours ils se lèvent avec des douleurs dans les jambes, les chevilles et les pieds, ainsi que les mains. C’est ce que je vis actuellement.

Je vais donc devoir m’adapter. Les jours meilleurs, je ferai mon travail le mieux possible. Les jours douloureux, je ralentirai un peu le rythme. En espérant un jour pouvoir dire que j’ai vaincu le chikungunya !

Je vous disais au début de cette petite revue que celle-ci serait un peu différente cette fois. En fait, les douleurs aux doigts et aux mains ne me permettent pas d’écrire longtemps sur le clavier de l’ordinateur. C’est douloureux au bout d’un temps et je dois m’interrompre. Pour vous écrire cet article sur le chikunguya, cela m’a pris une douzaine de jours, écrivant paragraphe après paragraphe avec de nombreuses interruptions. Je ne serai donc pas à même de vous écrire toute une petite revue comme d’habitude. Le temps et la capacité me manqueront.

La suite de ce petit bulletin sera donc consacrée essentiellement à des photos, par lesquelles je vous ferai participer à la vie de nos enfants à Crianças do Mundo.

J’espère que vous me comprendrez et me pardonnerez. Et j’espère surtout que pour la prochaine petite revue, je serai en meilleure forme et que je pourrai reprendre mes narrations sur tout ce qui se passe chez nous à Crianças do Mundo. 

Pardon d’avoir parlé de moi cette fois. Je devais vous expliquer les raisons de cette petite revue différente. Et je voulais aussi vous raconter ce que vivent beaucoup de brésiliens en ce moment.

Merci de tout coeur pour votre compréhension . . .

Merci de tout coeur pour votre soutien . . .

Merci de tout coeur pour votre confiance . . .

Continuons, tous ensemble, à nous battre pour les enfants !


                                                                                                        Evelyne


vendredi 22 décembre 2023

Nouvelles du 4ème trimestre 2023

Bonjour,

L’année 2023 se termine déjà. Elle est passée à la vitesse de l’éclair. Malgré nos difficultés financières et les enfants bien plus agités qu’auparavant, cette année s’est bien déroulée dans l’ensemble. 

Je tiens, en cette belle période de Noël, à vous remercier tous du plus profond du coeur. Pas seulement en mon nom, mais aussi au nom de tous nos collaborateurs et de tous nos enfants. Votre soutien, votre générosité sans failles, votre fidélité, votre confiance nous touchent vraiment beaucoup. Que ferions-nous sans votre aide ? Rien, et les enfants continueraient dans leur misère, leurs souffrances et leur abandon.

Alors mille fois MERCI !!! C’est le seul mot dont je dispose pour vous témoigner toute notre reconnaissance. Mais sachez que c’est un « merci » qui vient du coeur de chacun d’entre nous ici, du plus petit au plus grand.

Et tous ceux qui nous entourent à Crianças do Mundo se joignent à moi pour vous souhaiter très sincèrement un MERVEILLEUX NOËL, avec la paix, la joie et la sérénité au coeur malgré tout ce qui se passe dans le monde. Ainsi qu’une FORMIDABLE ET HEUREUSE NOUVELLE ANNÉE ! 

Avec toute notre amitié, notre affection et notre profonde reconnaissance.

                                                                                                                         Evelyne



Notre petite Cendrillon

Je vais vous raconter l’histoire d’une famille pauvre de 5 enfants, dont 4 sont actuellement accueillis chez nous à Crianças do Mundo. Les parents s’appellent Reinaldo et Cleudimar et tous deux ont une trentaine d’années. Les 4 enfants accueillis chez nous sont Felipe, 13 ans – Pâmela, 12 ans – Lauana, 10 ans et Eric de 8 ans. Le petit dernier n’a encore que 5 ans et ne peut donc pas encore être accueilli chez nous.

Nous avons accueilli Felipe début 2019 lorsqu’il avait 8 ans. Pâmela et Lauana sont entrées en février 2022, lorsque les petites filles ont commencé à être accueillies au siège de Crianças do Mundo. Et le petit Eric vient de nous rejoindre cette année, en août 2023. Les 4 enfants sont petits et maigres, paraissant tous avoir deux ou trois ans de  moins que leur âge réel. Mais c’est Lauana qui est la plus malingre. A son arrivée il y a presque 2 ans, elle mesurait 1,22m et pesait 22 kilos . Actuellement, à 10 ans, Lauana mesure 1,31m et pèse 25 kilos. Elle a un IMC de 14,6... bien en-dessous de la normale.

L’histoire de Lauana est triste et douloureuse. Lauana est notre petite Cendrillon. 

Lorsque les deux aînés étaient encore bien petits, Cleudimar a été infidèle à son mari et a eu une aventure, passagère, avec un autre homme. De cette aventure est née Lauana. Pendant les deux premières années de sa vie, Lauana a été élevée chez ses grands-parents paternels, sa mère étant retournée auprès de son mari qui l’a généreusement acceptée. Mais après, Cleudimar est allée chercher Lauana pour qu’elle vive avec eux. Reinaldo, qui a manifestement bon coeur, a accepté Lauana chez eux.

Depuis, la famille a plus ou moins intégré Lauana. Je précise « plus ou moins » car Lauana est traitée différemment des autres enfants. Etrangement, Reinaldo traite Lauana comme si elle était sa fille. Par contre, Cleudimar, responsable de cette situation, traite sa fille avec indifférence et parfois même méchanceté. Lauana lui rappelle constamment sa « faute »... Et inconsciemment ou non, elle le lui fait payer. Les deux aînés, Felipe et Pâmela, reproduisent l’attitude de leur mère. 

Lauana est souvent maltraitée. Elle est frappée pour deux fois rien, elle est punie même si ses frères et soeur sont coupables, et ne reçoit jamais les mêmes choses que les autres. Les nouveaux vêtements, chaussures ou autres sont toujours pour Pâmela, Lauana mettant les choses usées de sa soeur. Depuis qu’elle est accueillie chez nous, nous sentons que Lauana est une petite fille triste et introvertie. Les premiers temps, elle ne souriait presque jamais et parlait très peu. La moindre petite remarque la faisait pleurer et la consoler demandait beaucoup de temps et de patience. Un jour où elle semblait particulièrement triste, je lui ai parlé et elle a ouvert son coeur après avoir pleuré à gros sanglots. Elle m’a raconté tout ce qu’elle vivait chez elle et ça m’a fait mal pour elle. Ce jour-là, elle était vraiment triste, car la veille, lors d’un anniversaire, tous avaient eu droit à un morceau de gâteau sauf elle. Ça peut paraître un détail pour nous tous, mais pour cette petite fille discriminée et souffrant d’injustices quotidiennes, ce fut très douloureux. 

J’ai un jour appelé Felipe et Pâmela pour leur parler et je les ai secoués un peu. Lauana est leur petite soeur et elle n’a pas demandé à naître. Maintenant qu’elle est là parmi eux, ils doivent être plus gentils avec elle et ne surtout plus la frapper. Je les ai prévenus que je n’accepterais plus cette maltraitance. Ils doivent au contraire défendre Lauana si une injustice était commise. Ils l’ont promis tous les deux.

Au fil du temps, Lauana devient une petite fille plus souriante et joyeuse. Nous compensons son manque d’amour à la maison, en lui en donnant autant qu’elle le souhaite, en la protégeant et en l’entourant sans cesse de notre affection. Elle vient souvent se jetter dans nos bras, tellement elle a besoin de se sentir rassurée et aimée. Et maintenant, elle parle beaucoup ! Elle s’ouvre davantage à chaque jour qui passe et elle participe à toutes les activités avec joie. C’est tout simple : à Crianças do Mundo, elle reçoit amour et tendresse, compréhension et attention, et elle est HEUREUSE !

Nous allons continuer à nous occuper au mieux de Lauana. Felipe et Pâmela ont déjà bien changé envers elle et c’est un premier pas. A eux de faire en sorte que leur mère accepte mieux Lauana. Nous travaillons de notre part aussi avec la famille, pour que tous comprennent que Lauana a le droit de vivre heureuse, tout autant que leurs autres enfants.

Lauana vient seulement d’avoir 10 ans ; elle a encore beaucoup de temps à passer au milieu de nous. Beaucoup de temps pendant lequel elle recevra tout l’amour dont elle a besoin et tout le soutien pour la préparer à la vie et la rendre plus forte pour affronter les défis. Un temps précieux qui lui fera découvrir le bonheur et lui montrera combien la vie peut être belle !                        

                                                                           Evelyne


Le football

Vous savez tous combien le football est vital pour les brésiliens, «  LE » sport national dans toute son ampleur. Il n’en va pas différemment chez nous avec nos enfants. Le lundi matin, après un retour de fin de semaine, les principales conversations de nos enfants sont le football. Il y a deux grandes équipes dans notre état, les principales  de Minas Gerais : l’Atlético Mineiro, «o Galo » (le Coq) et le Cruzeiro, « a Raposa » (le Renard). Il y a parmi nos enfants, et parmi nos grands fils aussi d’ailleurs, des supporters des deux équipes. Je ne vous dis pas les discussions « chaudes » au sujet des matchs de la fin de semaine ! Mais tout ça se fait dans une ambiance sympathique, sans aucune agressivité.

Tous les jours, après avoir pris leur petit déjeuner, entre 7h et 7h30 les enfants jouent au foot en attendant de commencer l’étude et les diverses activités. Et ce qui est chouette, c’est que certaines de nos filles se sont mises à jouer aussi. Il y en a 2 particulièrement, des jumelles, qui adorent jouer au foot ! Au début, nos garçons, très machistes, ne les voulaient pas au milieu d’eux. Nous leur avons dit de les laisser participer si elles le souhaitaient. Ce qu’ils ont finalement accepté. Et ils n’ont plus réclamé ! Les jumelles jouent vraiment bien, même mieux que certains garçons, et n’ont pas peur de foncer au milieu d’eux !

Voyant l’enthousiasme général des enfants pour le football, nous avons l’idée de recréer une petite « école de foot » pour nos enfants, garçons et filles. Cette petite école a déjà existé il y a une vingtaine d’années. Elle a fonctionné pendant près de  dix ans. Nos enfants allaient jouer des matchs les fins de semaine, contre d’autres équipes d’enfants. Ils adoraient ces rencontres. Noraldo, qui avait joué au football dans sa jeunesse, était leur entraîneur et Michel s’occupait de préparer tout le matériel nécessaire lors de ces rencontres, uniformes de foot, chaussures à clous, bidons d’eau...

Les années ont passé, Michel et Noraldo n’avaient plus la santé pour continuer, et nous avons dû arrêter l’école de foot, au grand regret des enfants. Mais nous envisageons de la reprendre, vu le désir souvent exprimé par les enfants de faire partie d’un groupe qui jouerait contre d’autres équipes. 

Il faut maintenant mettre tout ça sur pied. Nous devons essayer de trouver la personne adéquate pour en être responsable, et avoir les moyens aussi d’acheter l’équipement nécessaire pour tous les enfants. Nous allons prendre contact avec les commerces de matériel sportif, afin de voir s’ils pourraient nous faire des prix intéressants. Ça, ce sera le travail de notre directrice Léia.

Nous espérons beaucoup pouvoir apporter ce bonheur à nos enfants. C’est un rêve qu’ils ont, et les rêves sont faits pour être réalisés ! Il n’y aura que chez nous, à Crianças do Mundo, qu’ils auront la chance de les réaliser. Alors, nous ferons tout notre possible pour y parvenir !



La générosité existe...

Depuis plus de 40 ans, nous sommes au Brésil pour nous occuper des enfants défavorisés. Tout le travail que nous avons pu réaliser jusqu’à présent l’a été grâce à toute l’aide venue de Belgique. Sans vous tous, rien de tout cela n’aurait été possible.

Vous savez que pendant toutes ces années, nous n’avons jamais réussi à obtenir de l’aide brésilienne, privée ou publique. Cela commence heureusement à changer doucement. Comme je vous l’ai expliqué, nous avons obtenu en 2022 et maintenant en 2023, une aide du FIA, le Fonds pour l’Enfance et l’Adolescence. Cela nous demande un grand investissement en temps, énergie et travail, mais cela vaut la peine.

Il y a cependant de l’aide brésilienne que nous obtenons depuis déjà pas mal de temps : celle d’une partie du corps médical. Il ne s’agit pas d’une aide financière, mais d’une aide en services et soins super importants. Depuis la création de Crianças do Mundo, en 1987, nous avons petit à petit tissé des liens avec pas mal de médecins et ceux-ci sont vraiment fidèles et généreux. Les soins médicaux et dentaires sont très chers, et les économies que nous réalisons grâce à leur aide est absolument vitale. Sans eux, nous ne pourrions pas soigner nos enfants comme nous le faisons.

Nous avons ainsi un médecin généraliste, un gastro-entérologue, un endocrinologue, un dermatologue, deux dentistes ainsi que trois orthodontistes qui s’occupent gracieusement de nos enfants, quel que soit leur problème.

Et comme je vous en ai déjà parlé dans une revue précédente, TOUS nos enfants sont reçus gratuitement par les étudiants en dentisterie de l’UNILESTE, l’Université d’Ipatinga, la ville voisine de Coronel Fabriciano (Unileste, car Université de l’Est de l’état de Minas Gerais). Ces étudiants, accompagnés de leur professeur, reçoivent tous les mardis matins un groupe de 5-6 de nos enfants que nous conduisons en camionnette à l’Université. Ils s’occupent des problèmes courants chez les enfants, comme l’entretien, les carries ou les dents cassées. Lorsqu’il y a des problèmes plus sérieux, ils nous donnent une demande de traitement plus spécifique. Et c’est alors que nos deux dentistes et nos trois orthodontistes volontaires les prennent en charge. 

Les trois orthodontistes s’occupent de tout gratuitement, la mise en place de l’appareil et tout l’entretien mensuel pendant tout le temps que dure le traitement, qui est généralement de deux ans. Ils ont chacun déjà pris un enfant en charge pendant ces deux années. Et le traitement terminé, ils ont actuellement chacun un autre de nos enfants en traitement pour une nouvelle durée de deux ans. C’est formidable quand on sait le coût d’un tel traitement. Nous ne devons rien payer du tout, ils assument l’entièreté du traitement. 

Le dermatologue, le Docteur João Paulo, encore assez jeune, s’occupe actuellement de deux de nos enfants : une de nos filles de 12 ans, Júlia, qui a le Vitiligo et un petit garçon de 8 ans, Lucas, qui a du psoriasis. Deux maladies bien difficiles à soigner. Le Dr João Paulo est le meilleur dermatologue de la région, très réputé et compétent, mais bien sûr aussi très cher. Mais il a un coeur d’or et n’a pas hésité une seconde lorsque je suis allée le trouver pour lui demander son aide pour nos enfants. Cela fait déjà 3 ans qu’il soigne Júlia et 2 ans qu’il s’occupe de Lucas. Et les résultats sont encourageants.

Ces aides médicales sont vraiment très importantes pour nos enfants. Elles nous font un peu oublier le manque d’aide publique. Et au moins, toutes ces personnes de bonne volonté ne nous demandent rien en échange. Leur générosité est absolument gratuite et dénouée d’intérêt personnel. 

Je les remercie à chaque fois que j’emmène un enfant chez eux. Mais nous faisons participer les enfants à cette reconnaissance, très importante. Lors d’occasions spéciales, comme Pâques et Noël, les enfants écrivent une petite carte, les remerciant également. Et je joins à ce petit courrier une boîte de chocolats, toujours appréciée de tous. Lors de mon prochain retour en Belgique, je leur achèterai du bon chocolat belge, il sera d’autant plus apprécié ! Ils le méritent !

                                                                                            Evelyne


Merci les jeunes !

Notre monde ne va pas trop bien, depuis déjà pas mal de temps. Lorsque l’on regarde le journal télévisé, avec toutes ses nouvelles dramatiques, les unes après les autres, on a le moral plutôt secoué et l’on ressent une profonde tristesse, voyant autant de souffrance de par le monde.

En plus de ces drames au quotidien, nombreux sont les gens qui critiquent les jeunes. C’est vrai que malheureusement, beaucoup de jeunes ne veulent rien, ni étudier, ni travailler. Et un grand nombre d’entre eux sont déjà dans les vices de l’alcool et de la drogue. 

Mais il ne faut pas oublier qu’il y a aussi beaucoup de jeunes qui s’investissent de par le monde pour aider les personnes dans le besoin. Beaucoup travaillent bénévolement en Belgique, dans les associations du Quart Monde, des handicapés, des malades ... Et d’autres choisissent de partir au loin, aider dans les pays en voie de développement. Toutes ces actions bénévoles sont formidables et louables, et on n’en parle pas assez.

Ici au Brésil, où la misère côtoie la richesse, et où l’indifférence des riches à l’égard des pauvres est souvent choquante, nous voyons quand même aussi des jeunes qui aident les plus pauvres, heureusement.

Pour ces fêtes de fin d’année, des groupes de jeunes de différentes associations, comme le Lions, le Rotary et la maçonnerie, ont fait une action en faveur des familles de nos enfants. Ils ont récolté des colis alimentaires et nous en ont apporté une centaine. C’est un résultat magnifique, qui nous permettra d’aider toutes les familles de nos enfants à passer un Noël plus heureux. Alors, bravo et merci à tous ces jeunes !