vendredi 3 octobre 2025

La douleur des enfants..

 Elle s’appelait Myriam ... elle avait 32 ans.

Nous sommes fin juin. Une jeune femme, Fernanda, se présente chez nous à la grille d’entrée et demande à me parler. Je ne la connais pas, mais je la fais entrer et je la reçois au bureau. Elle se présente et me dit qu’elle aurait vraiment besoin de notre aide. Et elle me raconte l’histoire d’une famille dont la maman s’appelle Myriam. Fernanda connaît bien la situation, car cela fait quelques mois qu’elle aide cette famille du mieux qu’elle peut.

Myriam a 4 enfants : Isabelly de 16 ans, Ezequiel de 10 ans, Ruth de 8 ans et Isaque de 4 ans. Il n’y a pas de pères présents. Pendant plusieurs années, Myriam se bat contre un cancer. Malheureusement, en février de cette année, le cancer s’étant généralisé, Myriam décède à l’âge de 32 ans. Les pauvres enfants se retrouvent seuls, orphelins de leur maman et abandonnés par leurs pères respectifs.


Myriam est issue d’une famille pauvre de 8 enfants, 7 filles et un garçon. Aucune des soeurs de Myriam ne veut s’occuper des enfants ; elles veulent qu’ils soient remis au juge de la jeunesse pour être adoptés... Le seul frère, Daniel, avec sa jeune épouse Juliana, ne sont pas d’accords. Ils ne veulent pas que les enfants soient séparés. Ils promettent à Myriam qu’ils s’occuperont de ses enfants s’il lui arrivait quelque chose. Avant son décès, déjà bien affaiblie et sachant que sa fin était proche, Myriam a enregistré une petite vidéo poignante où elle déclare confier ses enfants à son frère et sa belle-soeur. Comme ce doit être dur pour une maman de se dire qu’elle va partir et laisser ses enfants ! Mais heureusement que Daniel et Juliana lui ont apporté cette paix d’esprit.

Daniel et Juliana forment un jeune couple de 35 et 33 ans, très pauvre et habitant le bidon-ville du São Domingos, à 10 minutes de chez nous. Ils ont eux-mêmes deux  enfants, une petite fille de 3 ans et un bébé de 11 mois. Ils vivent dans une barraque misérable de deux pièces. 


La famille de Daniel et Juliana va passer de 4 à 8 personnes ! Comment vivre à huit dans ce logement misérable ?!


Heureusement, Fernanda est l’épouse d’un commerçant en matériel de construction dans notre ville de Coronel Fabriciano. Ensemble, ils lancent une campagne pour récolter des fonds afin d’aider cette famille qui en a tant besoin. Ils déclenchent un véritable élan de solidarité et finalement, la générosité des gens et de ce couple de commerçants permet, non pas de réformer cette pauvre barraque, mais de l’abattre tout simplement et de reconstruire une petite maison digne de ce nom. Certains donnent un peu d’argent, d’autres de leur temps en aidant pour les travaux les fins de semaine. 

En attendant que la maison soit prête à les recevoir, la famille de Daniel vit dans un logement social au loyer modéré. C’est là que je décide d’aller leur rendre visite pour mieux connaître la situation. Fernanda m’a demandé si ce serait possible que j’accueille Ezequiel et Ruth qui ont l’âge requis pour entrer à Crianças do Mundo. Ce serait déjà une grande aide pour Daniel et Juliana. Je souhaite les rencontrer pour faire leur connaissance et voir si les enfants souhaiteraient venir chez nous.

Je me rends donc un après-midi chez Daniel et Juliana. J’ai fixé un jour avec eux où tous les enfants seront présents. Je passe près de deux heures avec eux tous. Daniel et Juliana forment un jeune couple adorable, d’une grande douceur et gentillesse. Ils sont très simples et d’une humilité touchante. Ils me racontent leur histoire, celle de Myriam et de ses enfants. Ils me disent être étonnés et tellements reconnaissants de toute cette formidable générosité des gens autour d’eux. Je leur réponds que leur geste d’amour incommensurable, accueillant leurs quatre neveux et nièces, est tellement formidable qu’il a touché beaucoup de gens et qu’ils méritent largement ce soutien. Ils sont absolument admirables et il existe peu de personnes qui feraient de même.

Je parle un peu avec Ezequiel et Ruth et je leur demande s’ils aimeraient venir à Crianças do Mundo. Tous les deux me répondent que oui. Ils ont des amis et amies à l’école qui sont à Crianças do Mundo et qui disent que c’est chouette là-bas. Juliana me dit que le petit dernier de 4 ans, Isaque, pleure beaucoup et réclame sans cesse sa maman. Pendant que nous bavardons, Ruth se promène avec son petit cousin dans les bras. Elle n’a que 8 ans et c’est touchant de voir sa gentillesse et son affection pour lui, alors qu’elle souffre beaucoup de l’absence de sa maman qui lui manque tellement.

Après ce long moment passé avec eux tous, je propose à Daniel et Juliana d’accueillir Ezequiel et Ruth dès le lendemain. Ils en sont très heureux et me remercient chaleureusement, ajoutant que ce sera très bon pour les enfants et une grande aide pour eux également. Je leur promets que nous serons à leurs côtés pour les aider autant que nous le pourrons. 

Cela fait maintenant 3 mois qu’Ezequiel et Ruth sont parmi nous. Ils se sont bien adaptés et intégrés au milieu des autres enfants. Certains jours, leur peine est visible et la tristesse dans leur regard nous bouleverse, mais toute l’équipe est là pour les soutenir et leur donner beaucoup d’amour. J’ai expliqué leur situation aux autres enfants, leur demandant leur aide en étant accueillants et gentils avec Ezequiel et Ruth. Et la plupart le sont, sincèrement. Petit à petit, Ezequiel et Ruth retrouvent le sourire. Personne ne pourra jamais remplacer leur maman. Mais l’amour qu’ils reçoivent de leur oncle et de leur tante, ainsi que de tous ici chez nous les aidera certainement à surmonter leur peine et à retrouver doucement le bonheur. Nous y veillerons ! 


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