dimanche 10 juillet 2022

Les inscriptions... moments intenses

Le lundi 24 janvier, je commence à recevoir les petits nouveaux pour les inscriptions de cette année 2022. C’est émotionnellement difficile et je suis aussi un peu appréhensive, car c’était toujours Michel qui s’en occupait chaque année, et je vais prendre sa place. Je sais aussi que les choix n’étaient pas toujours faciles à faire pour lui. 

Dès les premiers jours, les petits candidats et cette fois aussi les petites candidates, se succèdent. Je les reçois tous pour l’entretien, car ils ont fait le déplacement jusque Crianças do Mundo, souvent à pied, venant de loin. Mais je ne peux hélas pas les accueillir tous. Certains n’ont pas l’âge requis (il faut avoir 8 ou 9 ans), ils sont encore trop jeunes ou bien ils ont dépassé l’âge. Pour les trop petits, il reste l’espoir d’entrer l’année prochaine ; pour les plus grands, de 10 ou 11 ans, il y la déception et le triste sentiment d’avoir perdu sa chance. Ce n’est pas toujours facile à comprendre pour un enfant. Nous ne pouvons malheureusement pas faire de miracles. Les demandes sont déjà tellement nombreuses, il faut bien établir des limites.

Pendant tout le mois de février et une partie du mois de mars, les inscriptions se poursuivent. Je reçois une cinquantaine de candidats. Les petits nouveaux entrent au fur et à mesure durant ce mois de février, et à la mi-mars, 24 petits garçons de 8 et 9 ans sont entrés, ainsi que 10 nouvelles petites filles, du même âge, également. Crianças do Mundo accueille ainsi en cette année 2022 un total de 120 enfants, 90 garçons et 30 filles. C’est le maximum possible actuellement, car la vie quotidienne est devenue très difficile. Les prix de tout se sont envolés et les dépenses mensuelles ont terriblement augmenté. Les demandes continuent d’affluer, chaque jour, et c’est très difficile de les refuser et de dire qu’il n’y a plus de places cette année. Mais nous n’avons pas le choix, il faut pouvoir tenir bon financièrement et maintenir en fonctionnement ce qui existe actuellement, c’est ça l’essentiel.

A chaque  entretien, je demande à l’enfant s’il sait déjà lire et écrire, ce qui serait normal à 8 ou 9 ans. Mais leurs réponses m’inquiètent ... presque tous me disent que non ! Et  nous constatons en effet dès les premiers jours d’énormes lacunes d’apprentissage chez pratiquement tous les nouveaux accueillis cette année. Tous les petits de 8 ans sont entrés en troisième primaire en ce début d’année scolaire 2022. En 2020, ils auraient dû faire leur première primaire, année cruciale pour la suite de leur apprentissage. Avec le Covid, les enfants de l’enseignement public n’ont pas été à l’école. En 2021, ils devaient faire leur deuxième primaire. Toujours à cause de la pandémie, ils n’ont toujours pas été à l’école. Les voilà tous en troisième primaire, alors qu’ils n’ont pas fait leurs deux premières années !... Cela signifie que tous ces  enfants de 8 ans, des millions à travers tout le Brésil, commencent une troisième primaire sans savoir ni lire, ni écrire, ni compter ! C’est absolument catastrophique et affolant !

Les enfants accueillis à Crianças do Mundo vont recevoir de l’aide sous forme de renfort scolaire, une heure par jour au moins, Cela permettra de récuperer un peu ces retards accumulés pendant ces deux années perdues. Mais qu’en sera-t’il des millions d’autres enfants de par le pays, qui ne recevront pas d’aide ? Nous sommes devant une 

génération d’enfants pauvres sacrifiés, qui n’aura aucune chance dans l’avenir. Une génération d’enfants qui sera larguée par ceux qui ont eu la chance de fréquenter une bonne école, avec au moins des cours à distance pendant la pandémie. Une génération d’enfants qui abandonnera probablement l’école face aux difficultés absolument insurmontables. Et le cercle vicieux de la misère continuera pour eux...



Encore une fois, nous ne pouvons pas faire de miracles ni sauver le monde. Mais nous allons au moins essayer de sauver tous les enfants que nous accueillons et leur donner une chance dans la vie. Leurs familles actuelles sont misérables ; mais leurs familles qu’ils construiront dans l’avenir peuvent être plus heureuses et vivre plus dignement. C’est en tout cas la chance et l’opportunité que nous voulons leur donner. Et lorsque nous regardons en arrière, vers les enfants qui sont passés par Crianças do Mundo, et la vie qu’ils mènent maintenant, je sais que nous pouvons y arriver, avec votre aide à tous !

Voici quelques-unes des bonnes petites têtes de nouveaux arrivés ! Pas toujours de petits anges, souvent à cause de sérieux problèmes familiaux, mais tous adorables malgré tout.  Et un besoin d’amour, de reconnaissance et d’affection sans limites !

Avec vous tous, nos amis de Belgique et d’ailleurs, nous allons pouvoir leur donner cet amour et l’education nécessaire pour se construire un avenir digne de ce nom. Alors restez avec nous, aidez-nous à poursuivre cette « construction » , pour que nous puissions faire de tous ces enfants des hommes et des femmes préparés dans la vie, honnêtes et heureux !

           

                                                                   Evelyne


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