lundi 18 juin 2012

Non, nous ne les laissons pas tomber !


Carlos a 19 ans. Nous l'avons accueilli à Crianças do Mundo en 2003. Il avait alors 10 ans. Sa famille vit pas loin d'ici, dans une petite maison très pauvre de trois pièces. En plus des parents, Carlos vit avec deux soeurs plus jeunes. Une pièce commune et deux chambres, une pour les parents et l'autre pour les trois enfants. Maintenant que Carlos est plus grand, la chambre des enfants est séparée en deux par une armoire. La mère de Carlos s'occupe des enfants et de la maison. Elle n'a pas d'emploi à l'extérieur. Le père travaille comme pompiste dans une station-service de la ville. Il gagne un salaire minimum. Pas grand chose pour faire vivre une famille de cinq personnes. Lorsque Carlos s'est présenté à Crianças do Mundo, nous n'avons pas hésité à l'accueillir. Il répondait tout à fait aux conditions pour entrer chez nous.

Cleiton a 20 ans. Il a été accueilli à Crianças do Mundo en 2001, à l'âge de 9 ans. Sa famille vit dans un quartier pauvre de Coronel Fabriciano. Son père a abandonné la famille et sa mère a dû élever seule ses 4 garçons. Sans formation, elle fait des ménages et gagne un peu moins que le salaire minimum (plus ou moins 275 euros). La vie est dure pour elle depuis de longues années, mais elle est courageuse et travailleuse et parvient à élever au mieux ses garçons. Tous les quatre ont été accueillis chez nous, l'aîné dans les années nonante et le plus jeune qui vient de nous quitter il y a un an à l'âge de 16 ans. Des 4 garçons, Cleiton s'est toujours montré le plus volontaire dans les études. Mais tous les quatre s'en sortent bien. Les deux aînés ont fait un cours secondaire technique et travaillent. Et le plus jeune est en dernière année de secondaire normal, avec l'intention de poursuivre des études supérieures, pour lesquelles nous l'aiderons bien entendu.


Igor a 19 ans. Nous l'avons accueilli chez nous en 2001, lorsqu'il avait 9 ans. D'une famille très pauvre, Igor n'avait pas beaucoup de chance de s'en sortir dans la vie. Habitant un quartier pauvre et violent de la ville, ce n'était pas facile pour lui et sa famille. Il vit avec ses parents et une petite soeur. Son père n'a pas de formation spécifique ni d'emploi fixe et fait un peu n'importe quel travail qui se présente à lui, mais il reste parfois de longs mois sans emploi .

Sa mère n'a pas non plus de formation et pour aider sa famille, elle revend des chemises d'uniformes scolaires fabriquées dans un petit atelier local. Dans les premiers temps où Igor a été accueilli chez nous, il a fallu à plusieurs reprises que nous aidions sa famille avec des colis alimentaires, parce qu'il n'y avait plus rien à manger chez eux. Ce n'était pas facile tous les jours pour lui et sa famille.

Carlos, Cleiton et Igor ont tous trois passé 6-7 années de leur vie parmi nous. Malgré leurs situations familiales difficiles, c'étaient de gentils gosses qui n'ont jamais donné de problèmes chez nous ni à l'école. Carlos et Igor sont assez timides et réservés, tandis que Cleiton est très ouvert et expansif, le plus bavard des trois d'ailleurs à l'école. C'est le seul problème qu'il nous ait donné, il bavardait trop en classe! Mais tous les trois se sont toujours montré bons élèves. Intelligents et volontaires, faisant les efforts nécessaires, ils réussissaient bien dans leurs études. Nous avons donc décidé de leur donner une chance supplémentaire dans la vie en les inscrivant dans un collège privé, de niveau nettement meilleur que les écoles publiques de la ville.

Ces études privées sont bien entendu très coûteuses et nous avons à l'époque lancé un appel d'aide en Belgique, appel qui a été entendu et répondu positivement. Pour tous les trois, nous avons trouvé un parrainage pour leurs études. Dès leur 5° primaire, ils ont commencé à étudier au Collège Padre de Man et ont été jusqu'à la 8° et dernière année primaire sans aucune difficulté ni problème de comportement (sauf le bavardage de Cleiton...). Ils étaient parmi les meilleurs élèves de leurs classes et nous en étions très fiers. Nous les accompagnions de près, je me rendais régulièrement à l'école et nous avons eu la chance de ne recevoir que des éloges, ce qui nous renforçait dans l'idée qu'ils méritaient vraiment cette chance. Chacun d'entre eux écrivait régulièrement à son parrain, envoyant le bulletin à chaque trimestre et donnant les dernières nouvelles. Le secondaire est arrivé; Cleiton et Igor ont choisi le cours technique d'automatisation industrielle, et Carlos celui de mécatronique (mécanique-électronique), cours d'une durée de 4 ans avec quelques mois de stage en dernière année. Les parrains sont restés fidèles et ont continué à les aider pour leurs études secondaires. Tous les trois, fiers et heureux, ont reçu leur diplôme de secondaire en fin d'année 2010, stage accompli. Qu'est-ce qu'ils étaient fiers de nous le montrer et de l'envoyer à leurs parrains!

Enthousiasmés par leur réussite, voyant un avenir meilleur se dessiner pour eux, ils ont décidé d'entreprendre des études universitaires, tous les trois désirant devenir ingénieur électricien. Ils ont la chance d'avoir des parrains généreux et fidèles, qui n'ont pas hésité à promettre leur aide aussi pour ces études universitaires. Les études d'ingénieur durent 5 ans, répartis en 10 semestres. Carlos, Cleiton et Igor en sont actuellement à leur 3° semestre et dans l'ensemble, ça marche bien pour eux. Ils rencontrent parfois des difficultés dans l'une ou l'autre matière, mais ils avancent et en veulent vraiment. Ils sont courageux, car tous trois travaillent la journée et vont à l'université le soir. Leurs journées commencent à 6h et se terminent à 23h; ça demande un terrible effort et beaucoup de volonté. Pas évident, mais beaucoup de jeunes brésiliens doivent passer par là s'ils veulent une chance de faire des études et d'améliorer leur vie future. Il faut beaucoup de courage, mais ça vaut la peine.

Nos trois garçons ne sont plus à Crianças do Mundo bien entendu, mais nous restons en contact régulier avec eux. Ils viennent nous voir une fois par mois pour nous donner de leurs nouvelles. A la fin de chaque semestre, ils viennent nous apporter leurs résultats avec une lettre pour leurs parrains. Ils savent que cette chance pour leur vie future, ils la doivent à Crianças do Mundo et à vous tous qui nous aidez à les accueillir et à leur donner cette opportunité. Et ils la doivent aussi et surtout à la générosité de ces parrains fidèles qui les suivent et les aident depuis maintenant 9 ans.

Ce qui fait plaisir, ce n'est pas seulement le bonheur et la satisfaction de nos trois garçons de pouvoir faire ces études, de voir leurs efforts pour réussir. Mais aussi le bonheur et la fierté de leurs parents de voir leurs fils se préparer un avenir tellement meilleur que ce qu'eux-mêmes auraient pu leur offrir. Ils sont très conscients que si leurs enfants n'étaient pas passés par Crianças do Mundo, jamais ils n'auraient pu faire d'études supérieures. Le maximum qu'ils auraient pu faire aurait été le secondaire en école publique, ce qui leur aurait donné une formation bien faible et peu de chance d'un bon emploi. Leurs parents sont tellement fiers de leurs enfants qu'ils nous téléphonent pour nous le dire, ou nous arrêtent dans la rue pour nous parler de leur réussite en fin de semestre! Ils ont les yeux qui brillent, un large sourire aux lèvres quand ils parlent de leurs enfants et ça met du baume au coeur de voir leur bonheur et leur fierté. Ils sont très reconnaissants à Crianças do Mundo d'offrir cette opportunité et cette chance exceptionnelle à leurs enfants.

Beaucoup de nos enfants ne font pas d'études universitaires, car tous n'en sont pas capables ou n'ont pas la même motivation que Carlos, Cleiton et Igor. Mais nous rencontrons en rue ou un peu partout dans la ville des tas de jeunes qui sont passés par chez nous et qui ont un bon emploi et une famille dont ils s'occupent bien. Et c'est ça l'essentiel. Rompre le cycle infernal de la misère et de l'abandon. Permettre à tous ces enfants de sortir de cette misère, de se former et d'avoir une vie meilleure. Qu'ils puissent un jour offrir à leurs enfants une vie heureuse et digne, à l'abri de la faim, de la violence et du malheur. C'est cela l'objectif de Crianças do Mundo et nous voulons continuer à croire que beaucoup d'enfants pourront encore avoir cette chance d'une vie heureuse loin de la misère, grâce à votre aide à tous, à la confiance que vous mettez dans notre travail avec ces enfants et à votre fidélité et générosité. Vous pouvez en être sûrs : c'est le bonheur assuré pour des milliers d'enfants!

Evelyne

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Me lembro do pequeno Carlos (Kaká) sendo expulso da Crianças do mundo kkkkkk' Tudo isso porque ele foi embora sem beijar a boca do Michel... Bons tempos

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