mercredi 23 mars 2022

Des yeux qui pétillent

 Nous sommes le mardi 14 décembre 2021. Un grand jour ... le jour où les enfants de notre centre en ville viennent découvrir leur futur lieu de vie, au siège de notre projet. Je suis aussi impatiente qu’eux, car j’imagine combien ils doivent l’être en nous attendant.

A 8h30, je pars avec notre chauffeur de bus, Sidney, afin de chercher les enfants du matin. A notre arrivée, toute la petite bande attend déjà à la grille d’entrée avec les professeurs, qui ont du mal à les contenir. Nous sommes pourtant 10 minutes en avance !


Tout le monde embarque et nous voilà partis pour la division principale de Crianças do Mundo, à quelques kilomètres de là. En passant la grande grille d’entrée, les enfants s’exclament déjà : « Mais c’est une vraie forêt ! Comme c’est beau ici ! » 

Lorsque tout le monde est descendu du bus, et après avoir salué nos deux gentilles employées au bureau, je commence par leur faire visiter la maison principale, où les petites filles s’installeront bientôt. Il y a encore des aménagements à faire, mais je leur explique comment tout fonctionnera et elles semblent ravies. Elles trouvent que tout est tellement spacieux ! Elles découvrent le petit terrain de sport juste à côté de la maison, où elles pourront jouer et le trouvent très grand. Evidemment, comparé à la petite cour dont les enfants disposaient au centre, c’est autre chose. Mais elles n’ont encore rien vu ! Je les emmène ensuite à la découverte de la piscine et là, il n’y a pas de mots pour décrire le bonheur qui se peint sur leur visage. Cris et exclamations fusent de tous côtés. Et comme il fait une chaleur torride, les enfants aimeraient déjà y sauter tout de suite ! Mais ce sera pour plus tard.

Il est déjà 9h25 et je les emmène alors jusqu’au Centre d’Activités, un peu plus haut dans le terrain, où nos autres enfants les attendent pour prendre ensemble un petit 10h. Nos garçons se montrent très accueillants envers les garçons et les filles du centre et commencent rapidement à bavarder avec eux, leur posant mille questions, surtout aux filles bien entendu ! On comprend leur enthousiasme, il n’y a jamais eu de filles chez nous au Centre d’Activités, alors c’est une sacrée nouveauté pour eux ! Notre boulanger leur a préparé de délicieux petits pains à la crème et ils ne se font pas prier. Tous mangent de bon coeur et apprennent à se connaître.

Nous partons alors explorer d’autres coins et là, tous nos garçons nous accompagnent, ce qui est bien sympathique. Lorsque nous arrivons au terrain de football, les enfants du centre s’arrêtent, bouche-bée. Ils me regardent et me demandent : « On peut courir ? » Je leur réponds que bien sûr ils peuvent courir, tant qu’ils le veulent ! Filles et garçons se débarrassent en un clin d’oeil de leur sandales ou de leurs tongs et partent en courant, pieds nus dans l’herbe. Ils courent dans tous les sens, ivres de joie, ivres d’espace ... ils n’ont jamais rien connu de tel. Leur bonheur fait vraiment plaisir à voir, leur sourire fait chaud au coeur et leurs yeux qui pétillent sont merveilleux ! Avec nos professeurs, je les regarde s’amuser et leurs éclats de rire sont contagieux.

Nous terminons par la visite de la boulangerie, où ils découvrent d’où viennent toutes les bonnes choses qu’ils mangent chaque jour, et de la salle de sports, et il est déjà l’heure de repartir, car ils doivent prendre leur douche, dîner et partir à l’école.

L’après-midi, je repars avec Sidney à 13h30 pour refaire les mêmes visites et les mêmes découvertes avec le deuxième groupe d’enfants, ceux qui étudient le matin et viennent à Crianças do Mundo l’après-midi. Leur enthousiasme est aussi merveilleux qu’avec le premier groupe et la visite se déroule tout aussi bien, avec le même bonheur dans leur yeux.

Après cette magnifique journée, il n’y a plus de doutes à avoir : nous avons pris la bonne décision de fermer la maison du centre et d’amener les enfants ici, au coeur de notre belle forêt. Ils étaient heureux dans la maison du centre-ville. Celle-ci a accueilli des dizaines d’enfants pendant près de 30 ans et beaucoup s’en sont sortis et sont bien lancés dans la vie, travaillant et élevant leurs familles dignement après y être passés. Mais ils seront d’autant plus heureux désormais qu’ils vivront dans un espace formidable, en pleine nature. Ils apprendront à respecter cette nature, à en profiter tout en la protégeant. Ils pourront respirer le bon air à pleins poumons, ce qu’ils n’ont jamais l’occasion de faire dans leurs lieux de vie quotidiens que sont ces misérables bidons-villes.

                                                                       Evelyne


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire