vendredi 8 décembre 2017

Arthur, enfant de notre coeur!

Depuis 30 ans que Crianças do Mundo existe et que nous y accueillons les enfants les plus nécessiteux, il y a toujours certains enfants qui sortent encore plus du lot au niveau de la misère et de la souffrance. Tous ceux que nous accueillons en ont bien besoin et sont heureux de pouvoir venir chez nous. Mais pour certains d’entre eux, c’est plus que vital. Notre Arthur est de ceux-là. Nous l’avons accueilli en mars 2015 lorsqu’il avait 8 ans et demi. Arthur est élevé par sa grand-mère, Tereza. Il ne connait pas son père et sa mère l’a abandonné et est partie vivre de la prostitution à São Paulo. Il vit avec sa grand-mère et un fils de celle-ci, Marcos, un jeune drogué de 23 ans. La grand-mère a une soixantaine d’années, mais en parait beaucoup plus. La misère ne pardonne pas, elle laisse ses marques...


Nous sentons que la situation familiale d’Arthur est compliquée et je  vais un jour leur rendre visite pour mieux comprendre ce qu’il vit et comment il vit. La maison de sa grand-mère se situe dans un bidonville,  tout en haut d’une colline et est bien difficile d’accès. Pas de vrai chemin, un vague petit sentier de terre qui grimpe très fort et qui est très glissant. Pour monter, ce n’est pas évident; pour en redescendre, c’est bien pire encore! J’imagine Arthur et sa grand-mère qui montent et descendent cette colline plusieurs fois par jour, parfois chargés de paquets. J’arrive chez eux et je découvre une barraque misérable faite de toutes sortes de matériaux récupérés un peu partout. Trois petites pièces, très peu meublées, de la terre battue comme sol, pas de porte ni de fenêtres, de simples ouvertures où s’engouffre le vent. Une telle misère me choque à chaque fois, impossible de s’y habituer. Je bavarde longuement avec la grand-mère d’Arthur qui me raconte sa vie bien pénible. Elle ne reçoit d’aide de personne de sa famille et a dû assumer seule l’éducation d’Arthur quand sa mère l’a abandonné peu après sa naissance. Elle n’a que très peu de revenus; seule ses petites allocations familiales pour Arthur , environ 20 euros par mois, leur permettent de survivre vaille que vaille. Son fils lui donne énormément de soucis depuis qu’il est dans la drogue. Il a vendu le peu de choses qu’il y avait dans la maison et c’est lui qui a défoncé la porte lors d’une crise violente, sous l’emprise de la drogue. Tereza fait de son mieux pour protéger Arthur de la violence et mauvaise influence de son fils. Elle est vraiment contente et très reconnaissante envers Crianças do Mundo d’accueillir Arthur. Il reçoit toute l’aide nécessaire et, elle le sent, toute l’affection dont il a tant besoin, et il est ainsi hors de la maison toute la journée et ne souffre pas trop de la violence qui y règne quelquefois.  Depuis que Marcos est entré dans la drogue il y a quelques années, l’univers d’Arthur a basculé. Il ne vit plus seulement dans la misère, mais maintenant aussi dans la violence et les coups, car Marcos n’hésite pas à le frapper. Sa grand-mère s’interpose à chaque fois, au risque de recevoir des coups elle aussi.

Arthur semble très heureux à Crianças do Mundo et il a beaucoup changé depuis qu’il est parmi nous. Lorsqu’il arrive en mars 2015, c’est un petit garçon un peu renfermé, et qui ne va pas très bien à l’école. Comme souvent, ses problèmes familiaux déteignent sur son comportement. Mais petit à petit, il s’intègre parmi les autres enfants, va mieux à l’école et devient plus ouvert et souriant. Il se sent plus à l’aise parmi nous et raconte de temps en temps un peu de ce qu’il vit chez lui; ça semble lui faire du bien d’en parler. Et c’est ainsi que nous apprenons les difficultés auxquelles il doit faire face avec sa grand-mère. Nous essayons d’aider la famille de temps à autre, mais ce n’est pas facile tant que Marcos est à la maison. Tereza n’a bien sûr pas le courage de mettre son fils à la porte, mais elle est bien consciente que sans lui, les choses seraient différentes. En attendant, il faut bien faire face du mieux qu’elle le peut et elle le fait, courageusement.

Notre objectif à Crianças do Mundo est depuis toujours d’aider les enfants en difficultés, quelles qu’elles soient, et d’essayer de les en sortir pour leur préparer un avenir meilleur; celles d’Arthur sont immenses et si pénibles. Lorsqu’il n’est pas chez nous, Arthur vit un enfer et il préfère souvent la rue où tous les dangers le guettent pourtant aussi, hélas. Nous avons souvent le coeur serré lorsque nous voyons nos enfants partir le soir ou les fins de semaines, car nous savons vers quoi ils retournent... et Arthur est un de ceux qui nous préoccupe et nous attriste le plus. Mais même si nous ne pouvons faire de miracles, ni empêcher entièrement leur souffrance, nous la soulageons malgré tout et notre action auprès des enfants sauve la plupart d’entre eux d’une vie de misère, de violence et de marginalité. Ça vaut la peine! 
                                                   
Evelyne



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